L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va couper son offre en la réduisant de 1,5 million de barils par jour. Elle entend ainsi tenter d'enrayer la chute des prix pétroliers en pleine crise financière. La réduction de la production de pétrole prendra effet à partir du 1er novembre, a annoncé le ministre saoudien, Ali Al-Nouaïmi, à l'issue d'une très brève réunion d'urgence à Vienne. Les 11 membres de l'Opep soumis au système des quotas (l'Irak en est exclu) vont donc réduire leur plafond de production commune de 28,8 millions de barils par jour (mbj) actuellement à 27,3 mbj. L'organisation pétrolière a justifié sa décision de réduire sa production en expliquant que "la crise financière a déjà un impact manifeste sur l'économie mondiale, réduisant la demande d'énergie en général et de pétrole en particulier. L'Opep a assisté à un effondrement spectaculaire des prix sans précédent (...) qui met en danger l'existence de nombreux projets pétroliers et amène à en annuler d'autres, ce qui pourrait causer des pénuries d'offre à moyen terme. La tâche est double pour l'organisation pétrolière. Elle doit stopper la chute du prix du baril sans pour autant aggraver l'impact de la crise financière pour ses clients, les pays consommateurs. Pour David Kirch, de PFC Energy, certains pays veulent officieusement défendre un seuil de 100 dollars le baril, d'autres de 80 dollars, 50 dollars étant "inacceptable" pour tous. Et le spécialiste d'ajouter que l'Opep fait face à "son plus gros défi" depuis la crise asiatique d'il y a dix ans. La décision de limiter à 1,5 million de bpj la baisse de la production a donc fait l'objet de vifs débats entre les ministres du Pétrole des pays membres de l'Opep, qui devaient trouver un équilibre entre les besoins de leurs pays et ceux d'une économie mondiale qui se dirige vers la récession. L'ampleur de la baisse se situe donc entre les pays les plus radicaux de l'Organisation, Iran et Libye en tête, qui souhaitaient une baisse de deux millions de barils jour, et les modérés, qui hésitaient à accepter plus d'un million de barils jour. Les deux parties ont ainsi choisi le chiffre de 1,5 million de bpj, tout en prévenant que d'autres décisions pourraient être prises avant la prochaine réunion de l'Opep à Oran, le 17 décembre prochain. "Si une nouvelle décision doit être prise, elle le sera et nous n'attendrons pas forcément la réunion d'Oran", a déclaré le président de l'Opep, M. Chakib Khelil au cours d'une conférence de presse, ajoutant que la baisse n'est pas "seulement de 1,5 mbj" mais de "1,8 mbj" d'ici "la fin de l'année", car "300.000 barils/jours sont déjà en train d'être" retirés du marché par les pays membres. Les membres de l'Opep espèrent que l'Arabie saoudite, seul exportateur à dépasser sensiblement ses quotas de production, montrera la voie et baissera effectivement ses volumes de pompage. Un communiqué de l'Opep précise que selon les objectifs définis, l'Arabie saoudite abaissera ses quotas de 466.000 bpj et l'Iran de 199.000 bpj. Pour l'Algérie, la baisse envisagée sera de l'ordre de 71 000 b/j. Les ministres s'étaient réunis pour tenter d'enrayer la chute des prix du pétrole qui a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis le 11 juillet lorsqu'il avait atteint le cours record de 147,50 dollars le baril. Cependant, cette décision n'a pas enrayé la chute des cours, vers 10h45 GMT, le baril texan et le Brent perdaient chacun près de 6%.