Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a souhaité hier à Moscou une plus grande coopération russo-libyenne dans le domaine économique, notamment le pétrole et le gaz, dont les deux pays sont producteurs. Au début d'une rencontre avec le président russe Dmitri Medvedev au Grand Palais du Kremlin, M. Kadhafi a déclaré que "malheureusement, par le passé, nos contacts se sont surtout développés dans les domaines militaire et politique. Il n'y avait pas de coopération dans les domaines civils", ajoutant que "maintenant la porte est ouverte pour développer la coopération dans ce domaine (énergie). Les compagnies russes ont commencé à être présentes dans les secteurs civils de l'économie libyenne". M. Kadhafi, dont le pays est membre de l'Opep, a poursuivi en affirmant que "la coopération dans le domaine pétrogazier est d'actualité. Nous avons des approches communes concernant la politique gazière et pétrolière". Entre la Libye et la Russie, tout avait pourtant spectaculairement (re)commencé au printemps dernier. Vladimir Poutine, trois semaines avant son départ du Kremlin, s'était rendu en avril à Tripoli avec une solution pour résoudre "le problème financier" au cœur du différend entre les deux pays. Il acceptait alors d'annuler des dettes de 3,5 milliards d'euros. En échange, la Libye devait signer de gros contrats pour un montant équivalent. Dans le sillage de cette visite, le géant gazier russe Gazprom, qui dispose de plusieurs licences d'exploration et d'exploitation en Libye, et la Compagnie pétrolière nationale libyenne ont notamment signé en avril un accord de coopération dans ce pays et dans d'autres pays d'Afrique. Lors d'une rencontre vendredi à Moscou, les patrons des deux compagnies, Alexeï Miller et Choukri Ghanem, sont convenus de discussions en novembre avec le groupe italien Eni sur des projets communs, selon un communiqué de Gazprom. Lors de cette visite, le dirigeant libyen se doit de convaincre. En effet, selon Kommersant, le réputé journal économique russe, le rapprochement dans le secteur de l'énergie, promis par Mouammar Kadhafi, n'a guère progressé. En avril, après avoir signé un accord pour l'exploitation de six champs pétroliers et gaziers en Libye, le géant russe Gazprom comptait sur une collaboration plus large avec la Libye en matière énergétique et la construction d'un pipeline entre la Libye et l'Europe. De plus, Mouammar Kadhafi avait dit soutenir l'idée russe de créer une Opep du gaz, à laquelle s'opposent l'Europe et les Etats-Unis. Mais, dès que les négociations sont entrées dans le concret, Tripoli a fait savoir à Moscou qu'il ne participerait pas à cette organisation. Les espérances russes concernant la Libye en matière "d'Opep gazière" n'ont donc rien donné, ajoute le journal. D'abord, la Russie a considéré le Qatar et la Libye comme ses principaux partenaires dans ce projet. Tripoli a cependant renoncé à participer à une telle organisation, ce qui a remis en question tout le projet, car le Qatar a refusé de fonder une structure ne comprenant que deux membres. C'est l'Iran qui a sauvé la situation au dernier moment en prenant la place de la Libye, alors qu'il n'est pas lui-même exportateur de gaz.