Dans ce nouvel enregistrement de 15 minutes, le No 2 d'Al Qaîda a parlé avec l'aplomb de l'homme qui est convaincu de la défaite totale des Etats-Unis en Irak. «Dans son dernier discours, Bush a dit dans ses divagations qu'il allait envoyer 20.000 de ses soldats en Irak. Je lui demande: pourquoi envoies-tu seulement 20.000 soldats? Pourquoi n'envoies-tu pas 50 ou 100.000?», s'interroge Al-Zawahiri au début de ce nouvel enregistrement d'une quinzaine de minutes. «Ne sais-tu pas que les chiens de l'Irak sont impatients de dévorer les charognes de tes soldats? Tu dois, au contraire, envoyer toute ton armée pour qu'elle soit anéantie par les mains des moudjahidine et que le monde entier soit débarrassé de ta méchanceté. L'Irak, le pays du califat et du djihad, est capable d'être un tombeau pour dix armées semblables à la tienne», poursuit Al-Zawahiri, qui revient à la charge à la fin de l'enregistrement: «Je répète mon appel à Bush d'envoyer tous ses soldats en Irak. Les lions de l'Islam les attendent pour les lui renvoyer morts et blessés». En termes clairs, Al- Zawahiri appelle Bush à envoyer toute son armée en Irak pour qu'elle soit anéantie par les moudjahidine. Le numéro deux d'Al-Qaîda, Ayman Al-Zawahiri, a nargué le président américain George W.Bush, et menacé d'en faire autant avec les forces éthiopiennes en Somalie. Ce nouvel enregistrement d'Al-Qaîda intervient au moment où la contestation enfle même dans les rangs du parti de Bush, alors que celui-ci doit prononcer, mardi, le grand discours annuel sur l'état de l'Union devant un Congrès dominé par ses adversaires démocrates et braqués contre sa décision d'augmenter de 21.500 soldats le contingent américain en Irak. «Est-il bien justifié d'envoyer encore des troupes en Irak?», se demande l'opinion publique américaine, tout à coup inquiète du nombre de plus en plus douloureux des soldats américains morts en Irak. Un nouveau projet de résolution a été présenté devant le Sénat américain, un texte concocté par un républicain, John Warner, ex-président de la commission des forces armées. Déclaration de John Warner: «Le sénat est en désaccord avec le plan qui prévoit d'augmenter nos forces de 21.500 hommes et appelle le président à envisager plutôt toutes les options et les alternatives pour atteindre les buts stratégiques poursuivis avec des effectifs inférieurs à ces 21.500 hommes». Al-Zawahiri a également proféré des menaces, désormais répétitives, contre les Etats-Unis. «La sécurité doit être partagée: si nous sommes en sécurité, vous le serez peut-être aussi (...). Si nous sommes frappés et tués, vous serez inéluctablement frappés et tués», a déclaré Zawahiri à l'adresse du peuple américain. Al-Zawahiri a de nouveau stigmatisé le président Mahmoud Abbas et le responsable du Fatah et ex-chef de la sécurité préventive palestinienne, Mohammad Dahlane, les traitant de «traîtres» et d'«agents de l'Amérique et d'Israël». Il a appelé tous les musulmans à «porter les armes ou à soutenir et servir ceux qui portent les armes». Al-Zawahiri s'en est pris ensuite aux Ethiopiens en Somalie. «J'annonce la bonne nouvelle à Bush: il a embourbé ses esclaves éthiopiens dans une catastrophe réelle en Somalie. Les moudjahidine vont leur briser l'échine», déclare-t-il. «Les Américains, qui les ont poussés à leur perdition et sont en train de leur donner des ordres de loin pour qu'ils meurent à leur place, ne les pleureront même pas», ajoute al- Zawahiri. Dans un précédent enregistrement audio, mis en ligne le 5 janvier, il avait appelé les islamistes somaliens à s'inspirer de la guérilla en Irak et en Afghanistan pour combattre les forces éthiopiennes en Somalie. Le Pentagone a affirmé, cette semaine, que les opérations américaines en Somalie se poursuivraient jusqu'à ce que les membres d'Al-Qaîda recherchés soient neutralisés. La semaine dernière, une attaque aérienne américaine avait tué, selon des responsables américains, au moins huit personnes, décrites comme des extrémistes protégeant de hauts responsables d'Al-Qaîda, alors que des sources locales affirment qu'il s'agissait de paisibles citoyens, tués dans ces raids. Pour les Etats-Unis, parmi les membres d'Al-Qaîda se trouvant en Somalie figurent le Comorien Fazul Abdullah Mohammed et le Kényan Saleh Ali Saleh Nabhan, impliqués dans les attentats de 1998 (224 morts) contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, ainsi que Abu Talha Al-Sudani, un Soudanais proche de Ben Laden et expert en explosifs et surnommé le «Ben Laden africain».