Le corps de la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, décédée dans la nuit de dimanche à lundi en Italie, sera rapatrié dans son pays pour être incinéré, a indiqué le ministère des Affaires étrangères, sans donner de date précise. Après consultations, sa famille a décidé de "rapatrier la dépouille mortelle en Afrique du Sud avant la crémation", a indiqué dans un communiqué le ministère, qui prépare les documents pour rapatrier le corps. Voix légendaire du continent africain et symbole de la lutte contre l'apartheid, la chanteuse est décédée à 76 ans d'une crise cardiaque après un concert pour l'écrivain menacé de mort par la mafia Roberto Saviano, près de Naples, dans le sud de l'Italie. Bannie par le régime d'apartheid en raison de son apparition dans un film dénonçant la ségrégation blanche, elle a vécu 31 ans en exil, notamment aux Etats-Unis et en Guinée. Surnommée "Mama Africa", Miriam Makeba était rentrée dans son pays au début des années 1990 après la libération de Nelson Mandela. Condoléances du chef de l'Etat et de la ministre de la Culture Suite au décès de la chanteuse, le président Bouteflika a adressé un message de condoléances à son homologue sud-africain, Kgalema Motlanthe. "J'ai appris avec une profonde affliction et une immense tristesse le décès de Miriam Makeba, diva de la Culture africaine, Dame-symbole des combats africains, honneur de l'Afrique", écrit le président Bouteflika. " En l'histoire de la personne de Miriam Makeba se concentre l'histoire de l'Afrique, Histoire faite d'injustices, de souffrances et de déni d'humanité. En l'Histoire de sa personne se concentre tout autant la stature érigée de l'Afrique digne, relevée, combattante et actrice de son destin. Il est des personnages comme cela dans l'Histoire de l'humanité dont le destin individuel se confond avec les lames de fond caractéristiques des grands bouleversements de l'Histoire quand les peuples décident de la maîtrise de leurs destins ", ajoute-t-il. " Depuis sa naissance dans le Pretoria raciste, ségrégationniste et profondément injuste, elle a vécu tous les affres de la colonisation et de l'apartheid contre lesquels elle a voué une vie de lutte, de combat, de détermination aux côtés de son peuple et de tous les peuples d'Afrique dont elle a fini par être le porte-parole en chantant avec brio, charme, élégance et sincérité, l'espérance et la volonté de rester debout ", poursuit le Président de la République. " Comme toutes les femmes et tous les hommes qui ont marqué l'histoire de notre continent, elle connaîtra les douleurs du mépris, les souffrances du déni et les tourments de l'exil. Sans dévier d'un iota, sans jamais céder au découragement, elle maintiendra droite sa posture, altier son port et puissante sa domination dans le sillage du mouvement historique menant inéluctablement à la libération des peuples. Dans le giron des Frantz Fanon, des Aimé Césaire et de tant d'autres lumières qui ont éclairé notre route combattante, elle a fait sa part de travail en donnant de la voix à l'Afrique et de la chaleur à la nuit froide qui nous était faite " note t-il encore. De son coté la ministre de la culture Khalida Toumi a éxprimé sa profonde émotion en s'inclinant devant " la mémoire de cette Femme symbole de l'Afrique en lutte et de l'engagement pour la dignité humaine " note la ministre dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Khalida Toumi rappellera que la chanteuse " a très souvent été l'hôte de l'Algérie dont elle avait soutenu la lutte de libération " ajoutant que celle-ci " avait participé activement au premier festival panafricain organisé à Alger en 1969 " . La ministre qui a largement évoqué le parcours remarquablement engagé de la femme " qui a passé sa vie à dénoncer tous les affres de l'apartheid " est convaincue que le " nom de Miriam Makeba restera pour l'éternité étroitement lié aux luttes de libération du continent africain " note elle encore en exprimant " sa profonde tristesse suite à ce décès ".