Baisse de l'activité, reflux spectaculaire des prix, révision en baisse des prévisions de résultats des entreprises, plans sociaux: les conséquences économiques, financières et sociales de la crise continuent de se multiplier hier. Les places boursières européennes étaient en légère baisse en milieu d'après-midi tandis que Wall Street évoluait sans tendance réelle. Les investisseurs, aux Etats-Unis comme ailleurs, attendent impatiemment les premières indications sur la tendance des achats de fin d'année, qui débute traditionnellement au lendemain de la fête de Thanksgiving. Les chiffres de ventes de ce "Black Friday" dans les grandes enseignes américaines pourraient influencer l'orientation des marchés financiers la semaine prochaine, tant la consommation des Américains pèse lourd dans l'économie mondiale. Dans la zone euro, l'inflation semble refluer plus rapidement encore qu'attendu, à 2,1% en novembre en première estimation contre 3,2% en octobre, ce qui pourrait permettre une forte baisse des taux de la Banque centrale européenne jeudi prochain, d'autant que le chômage est remonté à 7,7% en octobre. Cette dernière tendance risque bien de se confirmer au cours des mois à venir car les entreprises continuent d'adapter leur production et leurs effectifs à la nouvelle donne en matière de demande. Au lendemain de l'annonce par ArcelorMittal, premier sidérurgiste mondial, d'un plan de départs volontaires portant sur 9.000 postes, le constructeur allemand de camions MAN a annoncé des fermetures prolongée de plusieurs usines à l'occasion des fêtes de fin d'année et une probable réduction forcée du temps de travail. Pour Takumi Tsunoda, économiste de Shinkin Central Bank Research, "les entreprises ajustent très rapidement leur production". "Les constructeurs automobiles sont les plus durement touchés mais leurs difficultés commencent à se répercuter dans d'autres secteurs, comme les sidérurgistes." Le constructeur automobile nippon Honda a prévenu de son côté qu'atteindre ses objectifs de résultats s'apparenterait sans doute "à un des travaux d'Hercule". En Autriche, c'est le groupe de construction Strabag, très implanté en Russie, qui a annoncé la division par deux de son plan d'investissements pour 2009. Quant au groupe minier Lonmin, numéro trois mondial du platine, il envisage 4.000 suppressions de postes en Afrique du Sud. En France, le fabricant de semi-conducteurs STMicroelectronics s'attend désormais à une baisse de son chiffre d'affaires au quatrième trimestre par rapport au précédent. Dans le même secteur, les taïwanais TSMC et UMC, les deux principaux sous-traitants mondiaux de la fabrication de puces, prévoient de réduire leurs coûts de 20% et s'attendent à une forte baisse d'activité, a-t-on appris de sources du secteur. Le géant nippon de l'électronique grand public Panasonic, lui, a réduit de 90% sa prévision de bénéfice annuel. Le Japon, deuxième économie mondiale, a annoncé une forte baisse de sa production industrielle en octobre (-3,1%) et un recul de 3,8% de la consommation des ménages par rapport à l'an dernier. Née aux Etats-Unis, la crise, après s'être propagée aux grands pays industrialisés, touche désormais la plupart des grands pays émergents: l'Inde a ainsi fait état d'une décrue de sa croissance à 7,6% au troisième trimestre, contre 7,9% au deuxième. En Corée du Sud, la baisse inattendue de la production industrielle en octobre conduit certains économistes à anticiper désormais une récession plutôt qu'un simple ralentissement. En Europe, c'est la Suède qui est elle aussi entrée officiellement en récession vendredi. A la chute de l'activité s'ajoute le reflux rapide de l'inflation, illustrée par le chiffre "flash" de la zone euro mais aussi par la baisse de 0,9% des prix à la production en France en octobre et par la diminution de 1,2 point en un mois du taux d'inflation en Espagne. Cette double tendance alimente les craintes de déflation, un cercle vicieux dans lequel la baisse de prix nourrit le recul de la demande qui constitue la hantise des autorités monétaires et politiques. "Le Japon se rapproche d'une situation de déflation et l'économie nationale va encore se détériorer, cela ne fait aucun doute", estime Masamichi Adachi, économiste senior de JPMorgan Securities.