Six années après le Sommet de Monterrey au Mexique en 2002, qui devait faire le point sur les progrès du Sommet du Millénaire organisé en 2000 par l'ONU, avec pour objectif la réduction de la pauvreté dans le monde, un fiasco, selon les observateurs qui en attendaient plus, voici venue la rencontre de Doha où les organismes les plus concernés (FMI, BM) se sont éclipsés. En tout, 60 chefs d'Etat assistent à la réunion, dont la plupart appartiennent à des pays pauvres, vont se retrouver face aux rares chefs d'Etat des pays riches, ayant condescendu à faire le déplacement, qui ne manqueront pas de se réfugier derrière la conjoncture économique particulièrement défavorable qui a plongé leurs économies dans le rouge, pour éviter de mettre la main à la poche. Le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, afin de prévenir ce genre d'esquive a dû sonner l'alarme, dès le 28 novembre, à la veille du Sommet de Doha, en affirmant que “les sommes nécessaires à l'aide au développement étaient modiques, comparé aux fonds débloqués afin d'affronter la crise”. Pour rappel, les pays riches avaient, en 1970, décidé d'accorder une aide publique au développement (APD), en versant 0,70% de leur revenu national brut (RNB). Une promesse qu'ils n'ont jamais tenue depuis. Au cours des années 1990, cette aide s'est amenuisée d'un tiers (0,34%), en 1990, à 0,22% en 2001, pour remonter à 0,25% en 2004, avec 78,6 milliards de dollars. Le SG de l'ONU a appelé la communauté internationale à faire face solidairement à la crise financière mondiale, déclarant que “pour sortir de la crise, il faut unir nos efforts. Tout le monde est concerné, et il faut agir collectivement pour trouver une issue à la crise”. De nombreuses ONG ont dénoncé l'absence de nombreux chefs d'Etat des pays riches, craignant qu'ils ne prennent prétexte de la crise financière actuelle, pour renier leurs engagements vis-à-vis de l'aide au développement. “Il ne faut en aucun cas renoncer à la réalisation des objectifs du Millénaire, selon le SG de l'ONU” qui pense qu'il est vital “d'aider les banques et les sociétés à trouver les ressources à même de sauver des millions de vies humaines”. La conférence de Doha, selon M. Ban Ki-moon, “servira de passerelle avec celle du G20 qui s'est réunie le 15 novembre à Washington, en vue de rechercher des solutions capables d'endiguer la crise”. Des milliers de milliards de dollars ont été débloqués en vue de sauver des banques et des entreprises, alors que le monde ne trouve pas d'argent pour aider des millions d'êtres humains de la famine, d'améliorer les conditions de vie lamentables et les problèmes de santé dans les pays pauvres. Outre la crise mondiale, le monde devrait affronter les problèmes résultant du réchauffement climatique. Le 29 novembre, parmi les grands pays riches, seul le chef de l'Etat français était présent à Doha, afin de faire parvenir la promesse d'aide de l'UE, affirmant que “l'aide aux pays pauvres, et principalement d'Afrique, ne sera pas sacrifiée”, ajoutant que “l'Europe des 27 qui avait déjà versé 60% de l'aide au développement en 2007, avec 61milliards de dollars, respectera sa promesse de consacrer au soutien des pauvres 0,7% de son PIB en 2015”. De son côté, le président de la Commission européenne, Manuel Barroso, estime qu'il serait indécent de discuter des réponses à la crise mondiale sans prendre en considération la crise humaine. Pour sa part, le président Bouteflika a déclaré, samedi, à Doha, qu'“il était nécessaire de faciliter l'entrée à l'OMC des PVD qui, actuellement, négocient leur adhésion, afin d'aller vers un système commercial international universel, équitable et non discriminatoire”. M. Medelci, ministre algérien des AE, a annoncé le même jour — samedi — à Doha, la prochaine réunion du groupe des 24, à Alger, pour débattre des solutions à envisager face à la crise actuelle. Cette rencontre se déroulera durant quatre jours, du 29 novembre au 2 décembre. Djamel Zidane/Agences