La soixantaine de pays, qui se sont retrouvés dans ce pays de l'argent à flots et des extravagances, a dû se rendre compte que la voie de salut n'est pas dans l'aide et l'assistance des pays occidentaux riches, quand bien même sont-ils à l'origine de l'état des nations pauvres par le jeu de la colonisation et des échanges inégaux. Pas d'aide au développement ! C'est, en gros, le résultat du sommet de Doha consacré au financement du développement. Même le secrétaire général de l'Onu s'est désolé que le monde n'ait pas trouvé d'argent pour aider les nations pauvres à sortir du cercle de la misère et de la dépendance. La crise financière n'explique pas cette désaffection de la communauté internationale et, surtout, du FMI et de la Banque mondiale. La soixantaine de pays, qui se sont retrouvés dans ce pays de l'argent à flots et des extravagances, a dû se rendre compte que la voie de salut n'est pas dans l'aide et l'assistance des pays occidentaux riches, quand bien même sont-ils à l'origine de l'état des nations pauvres par le jeu de la colonisation et des échanges inégaux. De nombreux dirigeants de pays développés n'ont même pas fait le voyage dans cette capitale de la jet set. Le président français Nicolas Sarkozy et Barroso, le boss de l'UE, sont les seuls dirigeants des grandes puissances économiques à s'adresser à la conférence, qui s'est ouverte officiellement samedi. Le président de la Banque mondiale (BM) Robert Zoellick et le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn seront également absents. Heureusement, des ONG présentes à Doha ont dénoncé publiquement l'absence des riches, décelant dans leur attitude et celle des organisations économico-financières multilatérales la mise en avant de tourmente financière internationale pour renier leurs engagements à l'aide au développement. Ariane Arpa, chef de la délégation de l'organisation humanitaire Oxfam International, a déploré l'absence à Doha de nombreux dirigeants des pays riches. "Le fait que peu de chefs d'Etat ont jugé opportun de faire le déplacement à Doha est vraiment inquiétant", a-t-elle déploré. Adieux donc les Objectifs du millénaire de l'Onu ! Ban Ki-moon l'a pratiquement admis en exhortant les puissants à donner quelque chose. Approuvés par les dirigeants mondiaux en 2000, ces Objectifs prévoient la réduction de moitié de l'extrême pauvreté à l'horizon 2015 par rapport à ses niveaux de 1990, le recul des grandes pandémies, de la mortalité infantile et de l'illettrisme. Ban a parlé de "sommes modiques" (!), à l'ouverture du sommet, qui durera jusqu'à mardi. "De nombreux pays du Sud sont confrontés à des crises alimentaires. Ils doivent lutter contre la pauvreté, les maladies, les conséquences du réchauffement climatique, alors que les plans de sauvetage récemment annoncés aux Etats-Unis, en Europe et en Chine signifient que des milliers de milliards de dollars sont dépensés pour sauver des banques et des entreprises", a-t-il souligné, dans l'espoir de faire prendre conscience sur la descente aux enfers qui attend les populations du Sud. De son côté, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a affirmé qu'il serait indécent de discuter des réponses à la crise financière mondiale sans prendre en considération "la crise humaine" qui menace le Sud. Mais paroles dans l'air, car l'UE, qui a toujours été chiche quand il s'agit d'aide au développement, a annoncé la veille du sommet de Doha un plan de 200 milliards d'euros pour relancer l'activité économique… dans l'Union européenne. Pourtant, le sommet de Doha devait être une occasion de transformer les grandes lignes du plan d'action du G20 en des recommandations concrètes, du moins pour le sud de la planète, avant sa prochaine réunion à Londres en avril. La conférence de Doha découle de celle de Monterrey (Mexique) en 2002, couronnée par un accord Nord-Sud sur les principes de développement. Djamel Bouatta