"10% du fonds d'aide littéraire ira à la traduction littéraire." Voilà une annonce concrète faite par la ministre de la Culture, Khalida Toumi à l'occasion de la tenue mardi et mercredi à l'hôtel Aurassi du premier séminaire international sur la traduction littéraire.Titré, " Traduire pour vivre ensemble " ce séminaire auquel ont assisté des spécialistes venus des Pays-Bas, de l'Argentine, de l'Afrique etc…a permis aux uns et aux autres d'évoquer la difficulté de traduire une œuvre algérienne mue par des " silences et des métaphores." Certains diront et c'est assez juste, que pour traduire une œuvre, il faut connaître avant tout l'Histoire de sa contrée. Pleines d'œuvres connues et reconnues sont mues par "les silences et les métaphores ", et ça ne les a pas empêchées d'être traduites dans des dizaines de langues. Le véritable problème inhérent à la traduction est celui de l'existence même de la corporation des traducteurs, si bien que pour passer de l'arabe au français ou vice versa, certaines maisons d'éditions locales appellent au secours des maisons orientales notamment libanaises. L'on se rappelle qu'à l'occasion de la grande manifestation de " Alger capitale de la culture arabe", les éditions Sedia qui ont reçu le feu vert et l'argent pour traduire des œuvres de leur choix du français à l'arabe, elle l'ont fait en collaboration avec El Farabi, pour notamment, " La dernière prière " de Hamid Grine. Traduire, c'est d'abord un métier sous tendu par des traducteurs, des éditeurs, des auteurs mêmes qu'il faudrait au fur et à mesure consulter pour garder intact le sens et surtout l'âme d'un texte nourrie bien entendu au sein de l'écrivain lui-même. Traduire nécessite une maîtrise complète d'au moins deux langues, mais aussi une connaissance aigue de l'histoire de la littérature. En plus des moyens humains qui sont incontournables, il faudrait de l'argent, beaucoup d'argent si l'on se réfère au prix d'une page traduite qui dépasse parfois les 2000 DA. Selon la traductrice et chercheuse Désirée Kines, dans la littérature algérienne, classique notamment, il y a toutes sortes de questionnements. "La littérature algérienne est-elle arabe ? Est-elle française ? Les auteurs algériens vivant en France sont-ils Algériens ou Français ? Pour elle, quand on traduit il faut maîtriser les origines authentiques d'un texte. Aux Pays-Bas, ajoute-t-elle, quelques auteurs algériens sont traduits, Assia Djebar et Malika Mokadam notamment. Mais leur littérature est traduite en tant que littérature française et non algérienne. "La littérature algérienne est en fait difficile à classer ! D'où vient-elle ? " Assez jeune certes, la littérature algérienne est née dans un contexte particulier de colonisation, mais ce n'est pas la seule, de grands écrivains latino-américain ont fait des chefs d'œuvre comme Marquez, alors que leur pays n'était pas seulement colonisé mais dévasté par l'ancien conlon, les épidémies et autres. Ça n'a pas empêché pour autant la traduction de dizaines de livres dans des dizaines de langues. Quand un texte littéraire est excellent parce qu'il comporte en soi une approche voire une vision universelle, toutes les questions identitaires sont déboulonnées.Une littérature qui touche n'a pas une identité propre, elle les a toutes !