“Traduire et vivre ensemble” est le thème des premières rencontres internationales sur la traduction littéraire qui se poursuivent jusqu'au 5 décembre prochain, à l'hôtel El-Aurassi. Après une ouverture officielle avant-hier, en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, les séances de travail entre conférences et tables rondes ont commencé. Hier matin, deux conférences ont été organisées et animées par des spécialistes et professionnels, autour de “la traduction et la mondialisation”. Modéré par le Canadien Haroon Saddiqi, le propos de la traductrice anglaise Amanda Hopkinson a tourné autour de “la globalisation de la traduction littéraire”. Elle a démontré durant tout son exposé que “le traducteur doit tenir compte de l'aspect culturel, linguistique et littéraire”. Selon elle, la traduction vers l'anglais, est déterminante pour l'ouverture sur le monde dans le contexte actuel de mondialisation. Elle a aussi révélé qu'“Anouar Benmalek et Yasmina Khadra sont les deux seuls auteurs algériens traduits en Grande-Bretagne”. De son côté, la poétesse marocaine et chercheuse dans le domaine du soufisme, Touria Iqbal, a évoqué la traduction de la littérature soufie. L'universitaire et traductrice égyptienne, Manel Khedr, a poursuivi dans le même sens que Touria Iqbal. Mme Khedr s'est référée au texte poétique pour affirmer que “traduire c'est trahir quelque part”. Pour elle, un texte traduit implique “l'innovation de l'auteur et l'appréhension du traducteur”. Un traducteur réécrit un nouveau texte, mais il ne peut le faire sans tenir compte de l'oralité de la société, et d'une véritable connaissance de la langue et de ses variations. De leur côté, la directrice exécutive d'International PEN, la Britannique Caroline McCormick, et sa compatriote du Conseil des arts, Catherine Griffin, ont exposé les accomplissements et les efforts de chacun des organismes auxquels elles appartiennent. Elles ont insisté sur le fait qu'en encourageant la traduction, International PEN et le Conseil des arts ouvrent les lecteurs anglophones sur une autre culture. Les deux expertes ont cédé ensuite le micro à l'écrivain et universitaire algérien Waciny Laredj, qui a fait une petite rétrospective sur la réalité de la traduction dans le monde arabe. Waciny Laredj a commencé son exposé par l'alarmant sondage de l'Unesco au milieu des années 1990 et qui révélait que “toutes les traductions du monde arabe en 10 siècles, équivalent à une année d'œuvres traduites dans un petit pays européen comme l'Espagne”. Laredj considère que la traduction dans le monde arabe est divisée en pôles : “Il y a le pôle classique égyptien, mais aussi le pôle maghrébin, libanais et celui des pays du Golfe. Mais tous reproduisent les mêmes vaines images et représentations.” Pour lui, la mondialisation a certes créé “un appétit”…”un intérêt”, mais la qualité ne suit pas toujours. Moralité des deux conférences : le propre de la mondialisation, c'est l'échange interculturel ; le propre de la littérature, c'est la somme des spécificités d'une culture ; et le propre de la traduction c'est la connaissance culturelle et l'ouverture. Traduire et vivre ensemble ou traduire dans le respect de la diversité. S. K.