Après avoir épluché le dossier de la caisse principale d'El-Khalifa Bank, et après avoir entendu plusieurs témoins entre caissiers, représentants de la Banque d'Algérie et du ministère des Finances, voilà que la justice aborde le dossier des différentes agences Khalifa. C'est ainsi que la présidente de l'audience, qui se tient au tribunal de Blida, Mme Fatiha Brahimi, a interrogé, hier, M. Aziz Djamel, directeur de l'agence d'El Harrach, inculpé dans cette affaire pour "constitution d'une bande de malfaiteurs, de faux et usage de faux et escroquerie". L'accusé dira qu'il a remis à l'oncle de Rafik Khalifa, M. Kebbeche Ghazi, directeur de Khalifa Airways, une somme globale de l'ordre de 136 000 euros en plusieurs versements, destinés à des transferts de fonds. Sur ce, la magistrate lui demandera des explications sur les crédits qu'il a accordés à quelques cadres de la banque El-Khalifa, et qui sont ces personnes ? M. Aziz Djamel rétorque qu'il suivait les instruction du P-DG avant d'ajouter qu'il a "reçu une fois la visite de Dahmani Noureddine, directeur à El Khalifa Airways. Celui-ci m'a apporté deux papiers signés de Abdelmoumène Khalifa pour bénéficier de deux crédits allant jusqu'à 2 millions de dinars. M. Nanouche a bénéficié de deux crédits, le premier de l'ordre de 450 millions de centimes, et le deuxième de l'ordre de 500 millions de centimes qui devaient servir au financement d'un logement pour sa fille". L'accusé dira ensuite qu'il a personnellement présenté Yacine Ahmed, DG de la société étatique Digromed, à Rafik Khalifa "pour un placement de 325 millions de dinars au sein de la banque Khalifa". La présidente lui demandera quel était le montant des intérêts pour ce placement. M. Aziz Djamel répond qu'il ne se souvenait pas "du montant exact, mais chaque personne déposant de l'argent à la banque Khalifa ne pouvait bénéficier d'intérêts pour son placement avant 3 mois". Mme Brahimi lui demandera quelles étaient les sociétés qui ont confié leur argent à la banque Khalifa. L'accusé soulignera qu' "il y avait plusieurs sociétés, dont la Société des eaux minérales d'El Harrach qui a fait un placement de 80 millions de dinars". A ce moment, la présidente précisera que le directeur adjoint, M. Sighli Idir a déclaré lors de son interrogatoire par le juge d'instruction que "l'agence d'El Harrach a fait des déplacements pour inciter les sociétés à confier leur argent à El Khalifa Bank et on s'est déplacé jusqu'à Hassi Messaoud". La magistrate interrogera ensuite l'accusé sur ses biens avant d'être embauché par El-Khalifa Bank. Celui-ci dira qu'il habitait en location à Chéraga et qu'il n'avait pas de voiture. Mme Fatiha Brahimi lui rappellera dans ce sens la villa qu'il a construit dans un laps de temps (6 mois). M. Aziz Djamel répond qu'il a en effet une villa de 110 m2 et pour sa construction "j'ai bénéficié d'un crédit administratif de l'ordre de 2 millions de dinars et mon frère qui est entrepreneur m'a aidé dans sa construction. Et pour ce qui est de mon véhicule (golf TDI 3e génération année 2001) c'est mon père qui est un grand commerçant qui m'a aidé à l'acheter". Il précisera à la présidente qu'il est "issu d'une famille aisée". De son côté, le procureur général l'interroge sur les deux bureaux qu'il avait loués dans sa villa. L'accusé dira qu'au "1er étage j'ai construit un cabinet dentaire pour mon épouse qui est dentiste depuis 1995 et au deuxième j'ai loué un laboratoire d'analyse de sang équipé de 7 machines médicales". La présidente l'interrogera ensuite sur la nature du document qu'il a signé en 2001 et en quelle qualité il avait signé ce document. L'accusé confirmera qu'en effet, "j'ai signé un contrat avec le centre de Thalassothérapie de Sidi Fredj pour l'achat de quelques matériels (parasols, machine pour cafétéria, etc.) en contre partie de l'accès gratuit à trois locaux situés à Sidi Fredj. Cela rentre dans le cadre du marketing du groupe Khalifa". La présidente lui demande la liste nominative qu'il a proposée afin que ces gens bénéficient de cartes d'accès gratuit au complexe de Thalassothérapie. Le directeur de l'agence d'El Harrach dira que "cette liste contenait 39 noms dont la plupart étaient des clients de l'agence. C'est une opération commerciale". Le procureur général précisera que ce contrat qui n'a jamais vu le jour a coûté quelque 4 millions de dinars. D'un autre côté l'accusé soulignera qu'il a signé avec le liquidateur de la banque Khalifa une décharge dans laquelle il s'engage à rembourser cette somme d'argent mais il ne pouvait pas la rendre puisque il était en prison, avant d'ajouter qu'en 2003 "lors de la liquidation de la banque Khalifa j'ai rendu la voiture de service de marque Toyota Corolla qui était mise à ma disposition". La présidente de l'audience poursuivra, dans l'après-midi, l'interrogatoire de Djamel Aziz, lui indiquant que plusieurs cadres de Sonatrach et de Sonelgaz avaient témoigné que l'accusé leur rendait souvent visite pour qu'ils déposent leur argent à Khalifa Bank et qu'il leur proposait en contrepartie des cartes d'accès gratuites au Complexe de thalassothérapie de Sidi Fredj. Elle rappellera à l'accusé qu'il a signé le contrat avec le complexe en question, en tant que représentant du groupe Khalifa. Aussi, la magistrate l'interrogera également sur le terrain qu'il acheté pour construire sa villa. Ce dernier dira que ce terrain lui a coûté 1 million de dinars et que c'est son père qui l'a aidé à l'acquérir. Interrogé sur les taux d'intérêt qu'il appliquait au sein de son agence, celui-ci dira que cela dépendait du montant et de la période du dépôt, mais que cela variait entre 7 et 9 %. Il dira que d'autres agences pouvaient aller jusqu'à 17 % et que Saïdal a effectué un placement de 100 millions de dinars pour un taux d'intérêts de 11 %. Il révélera que la Cnas, dont le DG était Mustapah Menad à l'époque, a fait un placement de 10 milliards de centimes. La Cnac, sous la direction de M. Aït Belkacem, a effectué un dépôt de 1,8 milliard de dinars. La Casnos pour sa part a fait un placement sous la direction de Boubegra Hassan, de 12 milliards de dinars. Dans un deuxième temps, la présidente de l'audience a appelé à la barre un autre accusé, à savoir d'Akli Youcef caissier principal d'El Khalifa Bank. Celui-ci déclarera que l'agence d'El-Harrach envoyait des EES (écritures entre sièges) sans les accompagner de fonds. Chose que Aziz Djamel a tenu à démentir en insistant, sur le fait, qu'il envoyait les EES par courrier et les fonds par convoyeurs. A la remarque de la nécessité d'un accusé de réception pour la remise des sommes d'argent, Akli Youcef dira simplement que ce n'était pas à lui de s'en inquiéter, mais au directeur de l'agence d'El-Harrach. C'était ensuite au tour de M. Zerrouk Djamel, directeur financier au sein de Khalifa Airways de se présenter à la barre. Celui-ci avouera avoir bénéficié de plusieurs crédits de différents montants (1,2 milliard de centimes auprès de l'agence d'El-Harrach, 30, 80 et 800 millions de centimes auprès de l'agence de Chéraga) sans présenter aucune garantie.