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L'argent «sans trace» de la caisse principale
AU 5E JOUR DU PROCÈS KHALIFA
Publié dans L'Expression le 14 - 01 - 2007

A l'annonce des sommes qui sortent de la caisse principale sous les ordres de Khalifa Abdelmoumen, sans documents comptables, la salle s'emballe. L'argent circule sans trace...
Guelimi Omar est appelé à la barre en sa qualité de témoin dans ce procès. Il est néanmoins l'un des membres associés fondateurs de la banque Khalifa. Après l'avoir interrogé sur le chèque de 125 millions de dinars qui a servi au lancement de la banque, la juge Fatiha Brahimi va droit au but. «Ne pensez-vous pas que vous avez été utilisé, de par votre profil d'ancien gestionnaire, diplômé et personne d'un certain âge, pour la création de la banque?», interroge-t-elle. Le père de Djamel Guelimi ne semble pas nier ce fait puisqu'il confirmera ses déclarations que «des enfants se sont joué de moi», faisant allusion à ses associés qui n'ont pas respecté les dispositions de la loi pour la création de la banque.
La présidente de séance lui rappelle qu'il ne pouvait pas ignorer, par exemple, «que pour changer les statuts de cette société, il fallait l'accord préalable du gouverneur de la Banque d'Algérie et du président de la commission des finances du même organisme». Chose qui n'a pas eu lieu.
Autre grief porté au fonctionnement de cette nouvelle société qu'est Khalifa Bank est la non-tenue d'une assemblée générale de ses membres. Le procureur lui fait ainsi rappeler que «ce n'est qu'en 2002 qu'Abdelaziz Khalifa a assisté à l'assemblée générale, lorsque les choses ont commencé à aller mal».
Pour se défendre, Guelimi Omar commence par le chèque des 125 millions de dinars: «J'ai vu ce chèque dans le dossier déposé au niveau de l'agence BDL de Staouéli, mais je ne sais pas s'il avait été présenté au notaire lors de la signature du contrat notarié.» Et de revenir sur le fonctionnement de cette banque. «On était dépassé. On avait initialement prévu l'ouverture de dix agences Khalifa seulement, mais ces dernières ont poussé comme des champignons. Le recrutement était anarchique et il y avait une profusion de responsables. Même la grille des salaires n'était pas respectée», révèle-t-il. Quant à la signature de l'acte notarié qui a donné naissance à Khalifa Bank, il confirme l'avoir signé mais sans avoir jamais eu l'occasion de voir la soeur de Khalifa, installée au Maroc, le faire. «Je ne l'ai pas signé en présence des autres associés», confirme-t-il. La juge lui tend l'acte et lui demande d'identifier sa signature. Il s'exécute. La sienne est la dernière au bas de la page.
L'autre témoin appelé à la barre pour confrontation est Isridir Mourad, l'ex-chef d'agence BDL de Staouéli. Il est catégorique: «Je n'ai jamais signé le chèque de 125 millions de dinars auprès de Khalifa Abdelmoumen.» «Qui l'a alors signé?», reprend la juge. «Je ne sais pas», dit-il. Ce chèque a servi à l'octroi de l'agrément de création de la banque, délivré par la Banque d'Algérie suite au dossier qui a été déposé dans ce sens le 27 juillet 1998. «Pour plus d'éclairage, nous allons ramener à la barre le représentant de la Banque d'Algérie, le président de la commission des crédits et les inspecteurs en charge du dossier», annonce la juge qui veut aller jusqu'au bout de cette histoire d'octroi d'agrément.
Puis vint le tour d'Akli Youcef, directeur de la caisse principale de Khalifa Bank, le centre de transit des capitaux de la banque. Il comparaît en tant qu'accusé de plusieurs chefs d'inculpation. A la présentation de son curriculum vitae, l'assistance est surprise. Ce cadre n'a pas fait le lycée. Il a un niveau de 3e année moyenne. Son expérience professionnelle se résume à celui d'agent administratif de l'Onalait, contrôleur de gestion à l'Ecotras, et enfin agent caissier à l'agence BDL de Staouéli, la 158 où il a travaillé pendant dix ans (1988-1998). Il est, apparemment, le «maillon faible» de la chaîne Khalifa. «Comment avez-vous atterri à Khalifa Bank?» lui demande la juge. «J'ai quitté la BDL de mon propre chef. J'ai alors formulé une demande de recrutement à Khalifa Bank où j'ai été recruté au bout d'un mois», répond-il.
«Y a-t-il un intermédiaire?», interroge la juge. «Non», dit-il encore. Au sujet de ses connaissances parmi les cadres de Khalifa Bank, il cite Abdelmoumen qui était un client. Akli Youcef avait formulé une demande pour occuper le poste de caissier. Il sera recruté à l'Agence de Chéraga en tant que caissier principal. Poste qu'il occupera de septembre 1998 jusqu'à l'écroulement de Khalifa. Mais entre-temps, il sera promu, en 1999, au poste de caissier principal chargé de la caisse principale, nouvellement créée. Cette caisse, révèle Akli Youcef, a été créée par le biais des fonds entreposés dans les différentes agences Khalifa dans le Grand Alger: El Biar, El Harrach, Bab El Oued, Bologhine...Le salaire d'Akli est de l'ordre de 40.000DA, alors qu'il touchait 19.000DA à la BDL. Il travaillait sous la direction de M.Ouzar, le directeur de la caisse. Pour le fonctionnement de sa banque, il informera l'assistance que l'argent des agences était déposé dans cette caisse en contrepartie d'un récépissé. Jusque-là, rien n'est extraordinaire, même si au passage, on relèvera que cette caisse principale avait démarré avec un compte à zéro dinar et zéro devise. La juge passe à une autre étape: celle de la circulation des capitaux, c'est-à-dire l'argent qui sort de Khalifa Bank et de sa caisse principale.
«D'abord, cet argent qui sortait de la caisse principale était convoyé par des agents. Qui sont-ils?», demande la juge. «Je ne comprends pas la question», dit le caissier, avant d'enchaîner une seconde réponse: «Je ne sais pas.» La suite...fera bondir la juge. «Je recevais les ordres de transfert de fonds par téléphone de la part de Khalifa Abdelmoumen», explique-t-il. Un procédé qui paraît, aux yeux d'Akli Youcef, comme étant tout à fait «normal». «Pourquoi donc?», demande la juge. «Pour la simple raison que Khalifa Abdelmoumen est le P-DG de la banque. C'est une banque privée. J'exécute ses ordres sans plus.»
On saura ainsi que ces «ordres» arrivaient suivant les besoins. Parfois, ce sont d'autres personnes qui viennent au nom du P-DG récupérer les fonds dont Chachoua Abdelhafid, Delal Abdelouahab, Mir Mohamed, Bouabdellah Salim...
«Combien ils prenaient?», demande madame la juge. Il donne les chiffres qui font frémir...8,5 millions d'euros, 200 milliards de centimes, 1,7 million de dollars, 8,7 millions de francs belges, 2615 Deutsch Marks, 2170 dollars canadiens. Les chiffres tombent...s'allongent.
«Y avait-il des documents à signer pour le transfert?», demande la juge. «Non», répond Akli Youcef. «Une fois, dit-il, un certain Mir Ahmed, cadre de Khalifa, a demandé un document à signer. Il n'y en avait pas. Alors, il m'a écrit sur un bout de papier la somme qu'il a perçue en apposant sa signature.» Il avait pris 5 millions de dinars.
On saura aussi que, parfois, Khalifa Abdelmoumen venait en personne «prendre des sacs d'argent».
«Combien?», demande la juge. Akli hésite. «Un chiffre global», demande la juge. Akli finit par lâcher: «Huit millions d'euros, sans rien signer.»
«Vous dites qu'il ne signait rien», insiste la juge. «Oui, rien du tout», confirme le caissier. «Comment expliquez-vous ce comportement?», demande la juge. «C'est simple, dit-il. Il était P-DG d'une banque privée.»
La juge lui fait remarquer qu'il n'avait même pas pris des mesures pour se protéger. «Je n'avais pas l'expérience de la gestion d'une banque privée», rétorque-t-il calmement. «La banque lui appartient, et je ne faisais qu'exécuter ses ordres!»
«Vous n'avez personne pour vous contrôler alors, puisque c'est vous qui servez tout le monde.» «Non», répond le caissier. La juge saute sur la brèche ouverte: «Vous pouviez donc vous servir sans gêne pour prendre un milliard, par exemple?» Surpris, le caissier répond par la négative. «Alors, comment expliquez-vous cette gestion», demande Mme Brahimi.
«C'est normal!», lâche Akli Youcef. Une réponse qui assomme la juge, qui ne trouve aucun mot à placer, si ce n'est celui de lever la séance du jour. Le caissier a marqué son passage à la barre. A suivre.


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