Le procès de la caisse principale de Khalifa Bank qui ne devait au départ durer que 2 ou 3 semaines, a entamé hier son deuxième mois avec une audience où témoins et accusés ont poursuivi leur déballage. Ce qui est sûr, c'est que les dossiers des différentes agences Khalifa devraient être bouclés d'ici la fin de la semaine, avant de laisser place aux témoignages du secrétaire général de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd et de M. Aboudjerrra Soltani, actuel ministre d'Etat sans portefeuille et qui occupait le poste de ministre du Travail et de la Sécurité social au moment des faits. Il est vrai que ces deux personnalités devront évoquer la manière dont ont été déposés les fonds des caisses sociales à Khalifa Bank, argent qui, pour rappel, n'a pas pu être récupéré après la liquidation de la banque. Mais revenons à la séance d'hier. Dans la matinée, c'est un responsable de la minoterie de Sidi Medjber, M. Sid Ahmed Abderrezak, qui a été entendu comme témoin. Celui-ci dira que son entreprise a fait un placement de 10 milliards de centimes pour un taux d'intérêts de 17 % et des facilitations pour l'octroi de crédits. Il affirmera au tribunal que la totalité de ces fonds a été récupérée après la liquidation de la banque. Par la suite, c'est Meziane Ighil, accusé de vol qualifié, abus de confiance et corruption, qui a été appelé à la barre. Ancien entraîneur de l'équipe nationale, l'accusé travaillait pour Khalifa Bank en tant que consultant à la direction des sports. C'est ainsi que ses missions consistaient en la préparation des dossiers de sponsoring. Pour cela, il travaillait directement avec Rafik Khalifa. M. Ighil dira que la totalité des clubs sponsorisés travaillaient avec le groupe Khalifa sur la base de conventions, mis à part le Nasr de Hussein Dey (NAHD) qui bénéficiait d'un parrainage grâce auquel il était pris en charge par le groupe Khalifa à hauteur de 70 %. L'accusé sera interrogé par le procureur général sur certains documents concernant une écriture entre sièges prévoyant le versement de 1,8 million de dinars sur son compte personnel à l'agence Khalifa de Blida ainsi qu'un chèque à son nom qui n'a jamais été endossé. L'accusé répondra tout simplement : "Je ne suis pas au courant de tout cela". Sur ce, la présidente de l'audience, Mme Fatiha Brahimi, demandera à l'accusé s'il accompagnait lui-même ou certains présidents de club, le directeur de l'agence de Blida chez des chefs d'entreprise pour les influencer et les inciter à déposer leur argent à Khalifa Bank. L'accusé nie tout en bloc et rétorque : " Je n'ai jamais fait cela ". Par la suite, Foufa Hamid, expert judiciaire et membre de l'équipe chargée du dossier de la liquidation de Khalifa Bank depuis mars 2005 sera appelé à la barre. Celui-ci fera un exposé chiffré et illustré de la situation des caisses dans les différentes agences de Khalifa Bank. Il était, en effet, chargé de vérifier les écritures entre sièges (EES) et s'est rendu compte que plusieurs anomalies subsistaient dans les différentes agences Khalifa. Dans ce contexte, le témoin contredira l'accusé Akli Youcef, ex-caissier principal à Khalifa Bank et indiquera qu'il n'y avait pas uniquement 11 EES non justifiés mais près de 200. Il se fera plus précis lorsqu'il dira que l'agence de Blida comptait un trou de 1 000 dinars (chèque non justifié), un autre de 45 000 francs français et une alimentation de 16 000 euros. Des sommes qui, bien entendu, n'ont pas été trouvées dans les caisses. A Chéraga, c'est un chèque de 10 000 DA qui posait problème. Pour ce qui est de l'agence des Abatoirs, celle-ci était dans une situation critique, puisque 102 EES non justifiées ont été enregistrées, ainsi qu'un trou de 517 millions de dinars. A Koléa, un trou de 14 millions de dinars a été comptabilisé. Quant à l'agence d'El-Harrach, celle-ci a comptabilisé 11 EES non justifiées en dinars et 17 autres en euros ainsi qu'un trou de 485 millions de dinars dans les caisses. A l'agence d'Oran 35 EES en dinars non justifiées ont été comptabilisées et 3 autres en francs français ainsi qu'un trou de 74 millions de dinars. Résultat des courses, le préjudice total subi s'élève à 1, 082 milliard de dinars. Bien entendu, M. Foufa insistera sur le fait que ces chiffres ne reflètent pas la réalité, puisqu'il faut attendre la liquidation totale de la banque pour donner un chiffre exhaustif. Interrogé sur son avis à propos des transferts de fonds sur le compte personnel de Meziane Ighil, le témoin dira qu'il y avait une volonté de la part des directeurs des agences et des responsables de la banque de dissimuler les fonds.