Le procès de l'ex-Banque commerciale et industrielle d'Algérie (BCIA) qui s'est ouvert samedi devant le tribunal criminel d'Oran, s'est poursuivi durant la journée d'hier marquée par l'audition de Adda Larbi, ex-directeur d'une agence BEA à Oran. Le mis en cause, âgé de 57 ans, le premier à être appelé à la barre, a tenté d'expliquer l'inexplicable. En répondant aux questions du président de l'audience, l'ex-directeur a rejeté toute responsabilité quant à son implication dans cette affaire de dilapidation de deniers publics dont le préjudice causé à la BEA, rappelle-t-on est estimé à plus de 13,2 milliards de dinars. Cependant, Adda Larbi, qui a nié les faits, a reconnu avoir procédé à "l'escompte de 41 traites avalisées par la BCIA au profit de six opérateurs économiques privés pour un montant global évalué à plus de 4 milliards de dinars". Prié d'éclairer le tribunal sur le fait qu'il ne "s'était pas donné la peine de vérifier si la BCIA était en mesure de rembourser à la BEA les montants remis par son agence aux bénéficiaires des traites", le comparant a déclaré que ses prérogatives l'autorisaient à débiter le montant des traites sur la "seule base de la garantie de la BCIA". "J'appliquais la procédure réglementaire sur la base d'une circulaire émanant de la direction centrale (BEA), laquelle me permettait de débiter jusqu'à 20 % du chiffre d'affaires de l'entreprise d'un client en possession d'une traite avalisée", a-t-il dit. Rappelons par ailleurs que le caractère problématique de cette affaire fut révélé le 13 mai 2003 lorsque la BCIA signifia son refus de rembourser la valeur des traites en question au motif que les escomptes avaient été notifiés au-delà de l'échéance préalablement fixée. Ladite échéance expirait le 30 avril précédant alors que les traites avaient été déposées auprès de l'agence BEA 20 jours auparavant pour être escomptées le 29 avril. Les réponses de l'ex-responsable de la BEA durant la matinée n'ont pas convaincu le président du tribunal qui lui a fait signifier qu'il savait pertinemment que la procédure exigeait encore quelques jours supplémentaires pour que les traites parviennent à la banque d'Algérie pour l'opération de compensation. Au cours de la séance de l'après-midi, le comparant devant le tribunal d'Oran a maintenu ses positions en réaffirmant qu'il appliquait la procédure en toute transparence. Il a également insisté sur le fait que des inspecteurs étaient dépêchés régulièrement par la BEA. Ceux-ci "auraient pu facilement déceler toute fraude car, l'agence disposait d'un micro-ordinateur comportant un listing détaillé de toutes les opérations bancaires effectuées". Interrogé enfin sur la pratique des traites avalisées par d'autres établissements, le mis en cause expliquera que celle-ci existe dans d'autres établissements bancaires comme la BNA ou le CPA, mais à un degré moindre en comparaison à la BCIA.