Par Mohamed Latrech Durant les trois derniers mois de l'année en cours, les devises des pays émergents, à l'instar du Brésil de la Turquie ou de la Corée du Sud, sont en chute libre face au dollar. Le real brésilien a abandonné 25 %, la lire turque (- 24 %) alors que le won sud-coréen affiche (- 17 %). A ce phénomène touchant les marchés émergents s'ajoutent des mouvements violents entre devises des pays du G7. Le yen et l'euro ont grimpé de près de 12 % face au dollar en un mois, alors que la livre britannique ou le franc suisse enregistrent de fortes baisses, proches de leurs plus bas historiques. Des analystes estiment, toutefois, que les monnaies du G7 finiront par s'équilibrer entre elles. Ce qui n'est pas le cas pour les pays émergents, gravement touchés par la crise économique. Certains pouvoirs publics, s'attendant à des retraits massifs des capitaux investis, ont pris les devants en intervenant directement pour défendre leur devise. C'est le cas par exemple de la Russie dont la Banque centrale a élargi, pour la cinquième fois en un mois le corridor d'évolution du rouble, aboutissant à une dévaluation de fait de la monnaie russe de 10 %. La Banque centrale russe aurait dépensé le quart de ses réserves pour éviter une chute plus brutale de sa monnaie. Le Brésil, quant à lui, a opté pour le maintien des taux d'intérêt à des taux très élevés, ce qui risque, estiment des analystes, d'asphyxier l'économie. Est-on en train d'assister à une dévaluation générale des monnaies au détriment de l'euro et du Yen ? Bon nombre d'observateurs prédisent au premier semestre 2009, un déclin des flux d'investissements dans les pays émergents, couplé à une sortie des capitaux des résidents locaux, n'excluant pas un effondrement de ces devises. Ce qui, en somme, ajouterait une nouvelle crise à la crise. En attendant, les mesures prises par ces pays pour soutenir leur monnaie sont autant de moyens en moins consacrés à la relance de leur économie. Un frein supplémentaire à la relance mondiale…