Le prix du blé baisse mais pas celui de la farine, encore moins celui du pain. c'est le moins que l'on puisse dire, alors que l'échiquier mondial du blé commence à se réorganiser et les prix du blé ne cessent de baisser. Les prix de la farine et ceux du pain restent quant à eux inchangés, voire augmentent dans certaines parties du monde. Quelle honte ! En effet, la récolte mondiale de blé dur a atteint des records en 2008, avec 38 millions de tonnes, soit 5 millions de tonnes de plus qu'en 2007. En Europe, on a enregistré en 2008 beaucoup moins d'emblavements en céréales fourragères, en particulier en Europe centrale qui continue à se structurer et devient un concurrent en maïs, blé tendre et tournesol. En fin d'année, les besoins de vendre et de déstocker se faisaient ressentir, entraînant une forte concurrence sur les prix et des cours tirés vers le bas. En France, la production 2008 a atteint 2,1 millions de tonnes (Mt), sur les 9,8 Mt produites en Europe (+2,5 Mt vs. 2007). L'Europe à elle seule, représente la moitié des volumes supplémentaires mondiaux réalisés en 2008 .Dans les mois à venir, la concurrence s'annonce rude entre ces pays d'Europe et ceux d'Amérique comme les USA (2,4 Mt produits en 2008, +0,43 Mt vs. 2007) ou le Canada (4,9 Mt produits en 2008, +01,3 Mt vs. 2007) et devrait d'accentuer, ces derniers ayant en effet augmenté leurs surfaces. De fait, le taux de change et le coût du fret pourraient jouer un rôle important dans l'évolution de la stratégie d'export de ces deux pays d'outre atlantique. En Amérique du sud, le Mexique se distingue également par l'augmentation de sa récolte, à 1,8 Mt (+0,7 Mt vs. 2007). En Afrique, le Maghreb a également augmenté sa production (4,9 Mt, +0,6 Mt) tandis que la Syrie marquait le pas (1,2 Mt, +0,6 Mt). La Turquie monte aussi en puissance, avec une récolte de 3 Mt (+0,3 Mt), à l'inverse du Kazakstan (2,6 Mt, -0,4 Mt). Enfin, Inde et Australie restent stables, avec respectivement 1,1 Mt et 0,5 Mt. Tous ces chiffres liés aux récoltes céréalières, renseignent de manière claire sur une conjoncture caractérisée par une baisse des prix des matières premières dont le blé, sous l'effet de la crise économique mondiale générée par la crise financière des subprimes aux Etats-Unis. Or, le paradoxe s'affiche de lui-même . La question liée à la baisse des prix de la farine ensuite ceux du pain, reste plus que jamais posée dans de nombreux pays développés et émergents. Il y a un an, le prix de la baguette augmentait dans plusieurs pays sous l'effet de la hausse des matières premières. Et même chez nous, les boulangers ont réclamé d'augmenter leurs marges bénéficiaires, ce qui a valu l'intervention de l'Etat qui a pris en charge l'importation de la farine. Aujourd'hui, les cours du blé ont chuté mais pas le prix de la farine. Les boulangers achètent la farine aux meuniers et les meuniers, en Europe et ailleurs qui ne dorment certainement pas, expliquent qu'ils ne peuvent pas baisser leurs tarifs parce qu'ils s'approvisionnent avec des " contrats à termes " auprès des minotiers. Mais c'est quoi un contrat à terme ? C'est un engagement de livraison dont les caractéristiques sont connues à l'avance, portant sur une quantité bien déterminée d'un actif défini à une date et un lieu donné et négocié sur un marché à terme organisé. Autrement dit, les meuniers s'approvisionnent à l'avance sur un prix fixé. Les prix sont établis plusieurs mois à l'avance, ce qui fait que même si les cours baissent, il faudra quand même payer le prix négocié au départ. Le blé se vend maintenant dans les 130 euros la tonne, alors qu'il se vendait plus de 230 euros il y a encore quelques mois. Même si les cours ont chuté les engagements sont sur le prix fort. Sauf que cet argument est irrecevable. Le blé se produit en saison, le blé vendu actuellement est le même que celui de cet été. Il y a donc des négociants qui vendent encore au prix fort un produit stocké dont les cours ont baissé, de manière à garder une marge supérieure et s'en mettre plein les poches, car force est de constater que la baisse du prix du blé n'a absolument pas été répercutée dans le prix de la farine. Ce qui nous amène à dire aujourd'hui, que la spéculation règne sur l'économie mondiale. Et nous constatons de visu les dégâts de la finance spéculative sur l'économie réelle. Dalila B.