Le DG du FMI, Dominique Strauss Khan, lors de la tournée effectuée au mois d'octobre dernier dans les pays maghrébins, a confirmé le soutien de son institution pour faire avancer le processus d'intégration régionale maghrébine. Il a souligné, à ce propos, que cette intégration devient impérative au regard des difficultés de la conjoncture internationale, et que les pays maghrébins peuvent trouver dans cette initiative les ressorts nécessaires pour renforcer les capacités des pays de la région à relever les défis du nouvel environnement international. Les propos du patron du FMI expliquent toute la singularité de la région, où le processus d'intégration se présente le plus lent et le plus complexe à cause d'une série d'entraves de nature économique et politique. Et ce depuis les premières tentatives d'unification, dont la conférence de Tanger en 1958, qui présentait à la fois une volonté populaire et une réponse à la Communauté économique européenne (CEE). Aujourd'hui, les dirigeants des pays maghrébins multiplient les déclarations d'intentions. Mais l'Union du Maghreb Arabe (UNMA), créée au mois de février 1989, réunissant les cinq pays (Algérie-Mauritanie-Libye-Tunisie et Maroc) est totalement en panne. Sur le plan économique, le blocage du processus d'unification a, d'une part, des raisons internes qui tiennent à la faiblesse des complémentarités et, d'autre part, des raisons externes. Les Etats maghrébins ont plus d'échanges avec l'Europe qu'entre eux. Parallèlement à la nécessaire intégration d'une construction économique maghrébine, le partenariat euro-méditerranéen lancé à Barcelone en 1995 est d'une importance majeure pour ces pays et pourrait favoriser l'intégration régionale. La perspective d'établir une zone de libre-échange euro-méditerranéenne en 2010 devrait, en effet, constituer un fort argument pour les pays maghrébins afin de promouvoir l'intégration économique. Dans cette perspective, plusieurs spécialistes ont analysé les avantages économiques que les pays maghrébins obtiendraient dans le cas où le libre-échange Nord-Sud entre l'Union européenne (UE) et le Maghreb serait accompagné par la réalisation du libre-échange Sud-Sud. De fait, l'intégration économique et politique du Maghreb est devenue une nécessité incontournable, vu la concurrence intense que se livrent les différents blocs régionaux. En effet, compte tenu des défis occasionnés par les échéances charnières auxquelles les économies maghrébines devraient faire face (démantèlement tarifaire, élargissement de l'UE à l'Est, libéralisation du secteur textile à l'échelle mondiale, forte vulnérabilité aux chocs de demande externe, le coût du non -Maghreb, peut s'avérer insoutenable pour les économies de la région. Les tentatives d'intégration des pays de l'UMA, pourtant presque tous virtuellement unis dans un accord d'association avec l'UE, sont restées lettre morte. Plusieurs résolutions et conventions touchant divers secteurs ont été mis sur papier (convention commerciale et tarifaire maghrébine, convention sur la mise sur pied d'une banque maghrébine d'investissement et du commerce extérieur, convention portant sur les échanges agricoles), ont été ratifiées et aucune n'a reçu un début d'application effective, et bon nombre d'entre elles n'ont même pas été ratifiées jusqu'à maintenant. Malgré l'ambition qui le sous-entend, le processus d'intégration maghrébine est complètement bloqué. Le secteur privé dans tout cela : jusqu'ici les attitudes sont imprégnées d'hésitations et d'attentisme. La majorité des entreprises maghrébines semblent subir la mondialisation et n'explorent pas les opportunités qui peuvent en découler, notamment en matière d'expansion, d'investissement et de production hors frontières. Il est remarquable que, dans la majorité des cas, dans les cinq pays des dispositions ont été exprimées en vue d'alliance ou d'investissement qui leur serait avancée. "Rares sont les entreprises (moins d'une sur une dizaine) avaient un plan pour une implantation transmaghrébine", conclut une étude commandée par le FMI. Ainsi, les impasses dans lesquelles se sentent les sociétés maghrébines, les transformations internes et les mêmes enjeux liés au libéralisme, de nouvelles générations de plus en plus imprégnées de mondialisation et de culture technocratique, la volonté conjointe des Etats d'accentuer l'ouverture et le développement économique, sont autant de facteurs qui devraient inciter à l'intégration maghrébine. C'est d'ailleurs dans cette même idée que l'Algérie, à l'écoute de l'évolution de la situation internationale, poursuit ses efforts en vue de l'édification du Maghreb arabe qui demeure un impératif stratégique dicté par les aspirations légitimes des peuples de la région et par les réalités internationales qui imposent des regroupements régionaux conséquents pour relever les défis majeurs de la mondialisation et les risques de marginalisation qui en découlent pour les plus petits et les plus faibles.