La querelle gazière entre la Russie et L'Ukraine continue de peser sur l'Europe, où de nombreux pays ont constaté mardi une baisse du volume des livraisons russes, tandis que Kiev et Moscou continuent de se rejeter la responsabilité de ce différend.La baisse des livraisons de gaz russe en direction des pays de l'Union européenne au cours de la nuit représente un changement "radical" de la situation, a estimé, hier à Kiev, le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce Martin Riman. Haussant le ton mardi matin, l'Union européenne a estimé dans un communiqué que la coupure de gaz à certains pays de l'UE est "complètement inacceptable", et les livraisons doivent reprendre "immédiatement". Un représentant de la présidence tchèque de l'Union européenne devait rencontrer hier à Berlin le vice-président du géant gazier russe Gazprom, Alexandre Medvedev, pour discuter du conflit. Les livraisons de gaz russe vers la Bulgarie, la Grèce, la Turquie et la Macédoine ont été arrêtées dans la nuit de lundi à mardi. L'Autriche est également touchée. De son côté, la Pologne a déclaré ne recevoir que 15% du gaz russe transitant par l'Ukraine, selon le gazier national polonais PGNiG dans un communiqué. Selon le vice-président du directoire du groupe gazier russe Gazprom, l'Ukraine a coupé unilatéralement le débit de trois ou quatre gazoducs dédiés aux exportations dans la nuit de lundi à mardi et le volume n'est plus que d'un septième de ce qu'il était habituellement. Selon Gazprom, une pénurie pourrait survenir en Europe d'ici une journée ou deux. Il a qualifié "d'irresponsable" la conduite de Kiev. Dans un dialogue de sourds, le Kremlin accuse l'Ukraine de détourner pour son marché intérieur du gaz transitant sur son sol et destiné à l'exportation. Au contraire, pour Kiev, Moscou coupe délibérément ses flux gaziers destinés à l'Europe. L'Ukraine appelle l'UE à envoyer un signal de fermeté à la Russie. Le patron de la compagnie gazière publique ukrainienne Naftogaz, Oleg Doubina, se rendra à Moscou le 8 janvier pour y rencontrer son homologue russe de Gazprom, Alexeï Miller, a-t-il déclaré mardi lors d'une conférence de presse à Kiev. "Je viens de parler par téléphone à Alexeï Miller. Le 8 janvier, je pars à Moscou", a-t-il déclaré. A la question de savoir si son intention de se rendre en Russie traduisait des progrès dans les consultations téléphoniques avec Gazprom, M. Doubina s'est borné à répondre: "Je vais d'abord y aller et puis je vous raconterai ce qui a été convenu". Pour rappel, M. Doubina avait déclaré le 1er janvier que "s'il est question d'y aller pour rester de nouveau trois jours chez Gazprom et répéter les mêmes paroles", cela n'en vaut pas la peine. "Si l'autre partie est prête à une discussion normale et tolérante, nous sommes prêts à nous envoler pour Moscou", avait-il souligné. De son côté, le géant gazier russe Gazprom est prêt à reprendre les pourparlers avec l'Ukraine "à tout moment", a déclaré mardi le porte-parole du groupe contrôlé par l'Etat russe, Sergueï Kouprianovo. Yacine B.