La Réserve fédérale américaine a publié mardi soir son compte-rendu de la réunion de son conseil politique monétaire du 16 décembre. Déflation. Le mot n'est pas encore ouvertement prononcé par la Réserve fédérale mais il inquiète les banquiers centraux américains. Cette dernière pourrait ainsi tomber à des niveaux "inconfortablement bas", refaisant surgir le spectre de la déflation, c'est à dire d'une baisse des prix à la consommation sur une longue période. Contrairement à certaines autres banques centrales, la Fed ne publiait jusqu'à présent pas d'objectif d'inflation mais une partie de ses membres souhaitent qu'elle s'en donne un. L'idée serait de créer un objectif d'inflation pour éviter de voir la récession américaine s'approfondir dans une dynamique déflationniste. Les économistes de la Fed souhaitent ainsi expliciter leur point de vue en développant cet objectif d'inflation qui, comparé aux indicateurs de base d'inflation, pourra permettre un suivi des signes de désinflation. C'est pour remplir sa double mission : emploi maximum et stabilité des prix, que la Fed tentera de clarifier ses attentes. Selon les derniers chiffres disponibles, l'indice des prix liés aux dépenses de consommation des ménages (PCE), qui sert généralement de référence à la politique monétaire de la Réserve fédérale, a reculé en novembre de 1,1% par rapport au mois précédent, après avoir reculé de 0,5% octobre. Hors alimentation et énergie, cet indice a été quasi stable en novembre et en octobre. En glissement annuel, l'inflation mesurée par l'indice PCE a ralenti à 1,4% en novembre (1,9% hors alimentation et énergie) après avoir atteint 3,2% en octobre (2,0% pour l'inflation de base). En juillet, il avait fortement dépassé la barre des 5%, porté par l'envolée des cours du pétrole, qui ont touché un record historique à plus de 147 dollars le baril. La Fed a aussi communiqué ses prévisions au sujet de l'économie américaine, les économistes s'attendent à un fort ralentissement au premier semestre et une lente reprise au second. La faiblesse de l'activité économique est au centre des préoccupations puisque certains experts estiment encore qu'une longue contraction est possible. Les taux d'intérêts de la Fed devraient rester exceptionnellement bas jusqu'à ce que l'évolution des perspectives économiques soit meilleure."Le PIB devrait reculer au premier semestre beaucoup plus fortement que prévu auparavant, avant de se reprendre lentement pendant le reste de l'année", poursuit la Fed, même avec le recours aux instruments de politique monétaire non traditionnelles. Elle continue ainsi de prévoir une reprise modérée en 2010. Dans ces conditions, la Réserve fédérale a expliqué les taux d'intérêt resteront "exceptionnellement bas pour un certain temps", afin de lutter à la fois contre les pressions déflationnistes et contre le ralentissement de l'activité. La Fed va rejoindre une structure de lutte contre la fraude La Réserve fédérale et cinq autres agences publiques américaines vont intégrer une équipe présidentielle de lutte contre la fraude des entreprises qui est renforcée pour se concentrer sur les fraudes liées aux crédits immobiliers et à la titrisation. Il s'agit du plus grand renforcement jamais mené de cette structure créée en 2002, alors que les affaires financières se multiplient à Wall Street. Outre la Fed, la Federal Housing Finance Agency, le bureau du contrôleur de la monnaie (Office of the Comptroller of the Currency), l'Office of Thrift Supervision (OTS) du Trésor et le département de l'immobilier et du développement urbain, ainsi que l'inspecteur général spécial du Troubled Asset Relief Program (TARP), le programme de soutien au secteur financier, rejoindront cette structure, aux côté notamment de représentants du FBI, du département de la Justice, de ceux du Trésor et du Travail et de la Securities and Exchange Commission, le gendarme boursier américain. Adnane Cherih