Les propriétaires des stations-service ne feront plus grève. Les usagers des véhicules seront soulagés mais la menace du débrayage plane toujours. La sagesse des gérants des stations-service a prévalu mais la tension n'a pas baissé d'un iota. Au contraire. Le bras de fer entre eux et la direction de Naftal perdure et s'enlise dans une crise sans issue. C'est ce que laissent entendre les représentants de la Fédération nationale des exploitants libres des stations-service, hier, à l'occasion d'une conférence de presse organisée au siége de l'UGCAA. Ces exploitants refusent la nouvelle formule de Naftal qui voudrait leur imposer un contrat de location-gérance et menacent de recourir à des formes de contestation plus vigoureuses, à l'avenir. Cette formule "renferme des pratiques colonialistes ", selon les exploitants. Pis, selon eux, l'idée est véhiculée par des arrières-pensées morbides. " Elles viseraient à accaparer ces stations pour en faire un partage malhonnête ultérieurement ", accuse vigoureusement M. Boudjemlal Mustapha, le président de cette fédération affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens. Ce dernier ainsi que ses 384 camarades, exploitant de ces stations, auraient donc décidé de suspendre, voir d'annuler la grève préférant " s'en remettre à l'arbitrage du président de la République " qui " était en déplacement à l'étranger au moment où, soit la semaine passée, Naftal avait monté au créneau pour tirer à boulet rouge sur les exploitants ". A cet égard, le président de la République avait instruit le chef du gouvernement de constituer une commission interministérielle pour examiner la situation. Celle-ci devra rendre ses appréciations ces jours-ci et décidera du sort des propriétaires des stations-service. " On ne fait pas la grève par respect dû au président de la République sur qui nous comptons d'ailleurs énormément", lance M. Bendjemlal. La pomme de la discorde concerne la manière de gérer ces stations ; Naftal veut avoir la mainmise sur elles alors que les exploitants se sentent menacés et n'entendent obtempérer et coopérer que sous la seule et unique formule de concession. " La Sonatrach se fait sa libre lecture de l'ordonnance de 1968, relative à la nationalisation des hydrocarbures ", disent les conférenciers. " Nous sommes des Algériens, après tout "...ajoutent-ils… Des ayants droit, de surcroît ? ". Cela, ils ne le disent pas, mais presque. " La concession est la solution idéale ", aux yeux des exploitants qui expliquent, par contre, les inconvénients du contrat de location-gérance par la précarité de l'activité et l'impossibilité de créer des animations auxiliaires, annexes. La concession participera, en cas de son application, à l'effort national de lutte contre le chômage. " On s'engage à créer 2000 postes d'emploi permanents si elle viendrait à être décidée par le président de la République ", promettent les exploitants. "On veut travailler dans la stabilité et la quiétude ", lâchent ces derniers, expliquant, dans cet ordre d'idée, que la Sonatrach peut, en vertu de cette formule de location, procéder à l'arrêt du contrat sans même être obligée de passer par la justice, l'action étant dans ce cas légitime. C'est cet appui judiciaire qui fait justement défaut à cette entreprise publique de distribution des produits hydrocarbures. à présent. Il en résulte, contrairement à ce qu'avancent les responsables de Naftal, lors d'une conférence de presse tenue mercredi dernier même, que " tous les contrats, quels qu' en soient les signataires, avec Sonatrach, Naftal ou autres, sont nuls et non avenus. Ils n'ont aucune valeur judiciaire. Je me base pour dire cela, ajoute le conférencier, sur l'arrêté de la Cour suprême du 24 septembre 1996, affaire No 142.05(…) Les responsables de Naftal ne sont pas sans le savoir. Ils cherchent précisément une harmonisation des contrats, pour éviter des écueils. C'est-à-dire, imposer cette formule de location gérance et l'authentifier auprès des notaires. Les contrats qu'ils disent avoir signé avec des gérants de stations n'ont aucune valeur, au contraire ils s'inscrivent en faux contre la réglementation en vigueur, car ce sont des contrats sous seing. "