Le gaz russe a recommencé à affluer en Slovaquie via l'Ukraine, au compresseur de Velke Kapusany, le premier point d'entrée européen situé à la frontière slovaco-ukrainienne, a annoncé mardi le principal opérateur de gaz slovaque SPP. "Je viens juste de recevoir l'information que le gaz a recommencé à arriver en Slovaquie ce qui est la meilleure nouvelle du jour", a déclaré le président du groupe SPP Bernd Wagner au cours d'une conférence de presse à Bratislava. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a "salué", pour sa part, la reprise des livraisons de gaz russe en Europe via l'Ukraine, se réjouissant de pouvoir enfin l'annoncer aux "citoyens" européens, a-t-il dit au cours d'une conférence de presse. "Aujourd'hui, nous pouvons enfin saluer la reprise des livraisons de gaz russe à l'Europe", a-t-il déclaré. "Nous pouvons maintenant dire à nos citoyens que le gaz est enfin en route", a-t-il ajouté. Il a toutefois ajouté qu'il était "difficile de saluer quelque chose qui n'aurait jamais dû arriver", dans une allusion au fait que l'acheminement avait été interrompu en raison d'un différend bilatéral entre la Russie et l'Ukraine. Conformément aux promesses faites par les Premiers ministres des deux pays, Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, les groupes russe Gazprom et ukrainien Naftogaz ont remis en route leurs systèmes de transport gazier hier en milieu de matinée. Premier pays européen alimenté par le gaz qui transite via l'Ukraine, la Slovaquie a été la première évidemment à en bénéficier. Les autres pays devront patienter un peu plus longtemps. Les groupes allemands EON Ruhrgas et RWE ont évoqué des délais de un à trois jours avant que les livraisons retrouvent leur niveau normal. Gazprom va livrer au total via l'Ukraine 423,8 millions de mètres cubes par jour, dont 348,8 millions consacrés à l'exportation et 75 millions à la consommation ukrainienne. Ce volume total devrait être atteint dès mardi, a déclaré le numéro deux de Gazprom, Alexandre Medvedev ,dans une conférence téléphonique. Il a confirmé que le prix du gaz pour l'Ukraine s'élèverait à 250 dollars cette année. Pour les clients européens, il sera d'"environ 280 dollars", a-t-il dit. Gazprom s'est félicité dans son communiqué du fait que les contrats signés lundi traitent séparément la question des livraisons à l'Ukraine et celle du transit, et que les deux accords courent sur dix ans. De son côté, la présidence ukrainienne a vivement critiqué le compromis conclu par Mme Timochenko, ajoutant toutefois que "le président (Viktor Ioutchenko) n'a pas de moyen légal de s'opposer à ces décisions". Même s'il s'est dit "très déçu par la façon dont les dirigeants des deux pays ont négocié" pendant la crise, "c'est dans notre intérêt de maintenir et de développer nos relations avec la Russie (...) et avec l'Ukraine", a déclaré M. Barroso. C'est "la première fois de ma vie que je vois des accords annoncés avec aucune conséquence sur le terrain", a-t-il dit, ajoutant que c'était "incroyable" et qu'il "ne l'oublierait pas". Quant aux conséquences juridiques possibles de près de deux semaines de coupure totale des livraisons de gaz russe via l'Ukraine, il a ajouté que la Commission européenne était mardi en pleins préparatifs "pour prendre des actions (juridiques) si le gaz ne revenait pas". "Heureusement, il semble maintenant que nous n'aurons pas besoin d'activer ces mécanismes internationaux", a-t-il ajouté, en appelant néanmoins les compagnies gazières touchées à "songer à ce qu'elles veulent faire" sur le plan juridique. Yacine B.