Les banques européennes sont à la peine en Bourse à l'instar de leurs homologues américaines. Le marasme des banques britanniques semble si préoccupant qu'un éminent membre du Labour, John McFall, président de la commission du Trésor du Parlement, estime qu'il faut nationaliser LLoyds et Royal Bank of Scotland sans plus tarder. L'indice européen des valeurs bancaires, qui avait perdu 7,5% mardi, perd encore 3,5% en milieu de matinée, les britanniques apparaissant particulièrement touchées. Barclays chute de plus de 20% à 55,3 pence après être tombé à son niveau le plus bas depuis 1985, Lloyds, qui a racheté le spécialiste du crédit immobilier HBOS, abandonne près de 20% après une chute de 30% mardi. A l'inverse, Royal Bank of Scotland regagne près de 5% à 10,9 pence après son effondrement de ces derniers jours dû à l'annonce d'une perte supérieure à plus de 20 milliards de livres prévues pour l'exercice 2008. Les analystes de Citigroup estiment que RBS est désormais un "achat spéculatif". Ils ont revu leur objectif de cours pour le ramener de 100 à 35 pence. HSBC a, de son côté, réduit son objectif de cours à 15 pence, au lieu de 55 pence auparavant. A Francfort, Hypo Real Estate recule de 8% à 1,85 euro après avoir annoncé mardi soir qu'il obtiendrait 12 milliards d'euros de garanties publiques. La banque a également indiqué rester en discussion avec l'Etat au sujet de nouvelles aides. Dans la foulée, Deutsche Bank dévisse de plus de 5% et Commerzbank plus de 7%. A Paris, BNP Paribas poursuit sa dégringolade et perd 7%. La banque franco-belge Dexia cède 4,9% et la belge KBC près de 8%. La Belgique envisage l'adoption d'un deuxième plan de sauvetage de son secteur bancaire, a annoncé, mardi, le Premier ministre belge, Didier Reynders. Cette question doit être évoquée dans la journée en Conseil des ministres. Crédit suisse recule de 4,7%. La banque pourrait enregistrer une perte de six milliards de francs suisses (4 milliards d'euros) au titre de l'exercice 2008, selon le quotidien Handelszeitung. Aussi, Bloomberg vient de publier le bilan des licenciements effectués par le secteur bancaire en cette période de crise. Quand certains établissements réussissent tant bien que mal à redresser une situation financière hasardeuse, d'autres n'ont enregistré qu'une accumulation de déboires. Le mal était trop profond. A l'heure du bilan, les pertes financières de ces établissements, abstraites pour bien des particuliers, seront certes conséquentes mais devront peut-être relativisées au regard de pertes "humaines" quant à elles bien plus concrètes. Car si, de par le monde, les dirigeants des grandes banques n'ont eu de cesse de s'inquiéter pour leurs résultats trimestriels et autres marges bénéficiaires, leurs salariés ont eux tremblé pour leur emploi... Et à juste titre. Bloomberg, chaîne de télévision financière, vient ainsi de rendre public son dernier pointage concernant les licenciements auxquels les différents groupes bancaires ont été forcés de procéder. Au total, avec quelque 252 061 emplois supprimés, le secteur bancaire mondial a perdu près de 4,6% de ses effectifs. La crise financière émanant de la crise des subprimes américains (crédits immobiliers à risque ou prêts hypothécaires), une grande majorité de ces licenciements concerne les banques américaines (8,1% des effectifs avec 171 332 postes supprimés). Mais les pertes paraissent bien plus lourdes en examinant individuellement le cas de bon nombre de ces banques dont les noms ont émaillé la chronologie de cette crise. Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, si la banque américaine Lehman Brothers a connu une faillite des plus retentissantes, celle-ci ne se place qu'en troisième position des établissements ayant le plus éclairci leurs rangs (46,8%). Avec la perte de près de 64,7% de ses effectifs, le groupe américain, Bear Stearns, prend la tête du cortège, suivi de près par l'allemand Hypo Real Estate, qui a dû se séparer de 50% de ses employés. Plus loin, les banques Bayerische Landesbank (30,9%), Indymac (28,3%), WestLB (24,9%) et Bank of America (22%) ont également récolté la tempête qu'elles avaient contribué à semer. Au 7ème rang en terme de pourcentage, Bank of America n'en détient pas moins le triste record en nombre de postes révoqués, affichant la perte de 46 150 salariés. Synthèse I.B.