L'Etat n'envisage pas, du moins pour le moment, d'augmenter les tarifs de l'eau. La déclaration a été faite par le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, au journal El Moudjahid. Dans cet entretien, le ministre a affirmé que "la bataille de l'eau est acquise". Mais la priorité sera à "l'amélioration du service public à travers la généralisation d'une distribution d'eau quotidienne et à la collecte et au traitement des eaux usées à travers l'ensemble des agglomérations." En outre, le ministre a réaffirmé que "l'eau en Algérie est un service public, elle est gérée en tant que tel et ça restera le cas." Par ailleurs, il est à noter que malgré les tarifs de l'eau potable et de l'assainissement actuellement en vigueur, ceux-ci ne couvrent que partiellement les charges d'exploitation. Les coûts d'investissement sont toujours supportés par l'Etat. Outre cela, et dans le même sens, le ministre a fait un bilan de ces dernières années. En effet, près de 1500 projets ont été lancés dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la croissance 2005/2009 et ce, grâce, selon le ministre "à la mobilisation d'un volume d'investissements sans précédent, qui avoisine les dix huit milliards de dollars." Cet effort de l'Etat commence à donner ses fruits. Selon les réponses du ministre aux questions d'El Moudjahid, le taux de raccordement aux réseaux d'AEP est actuellement de 92% et celui du raccordement à l'égout de 86%. La dotation quotidienne en eau potable par habitant est de 165 litres distribuées au quotidien dans plus de 70% des chef-lieux de commune. S'agissant, de la question de la distribution régionale des réserves zonales de sécurité, le ministre a affirmé que le concept de "réserve stratégique régionale en matière de ressources hydriques" a été lancé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. La démarche consiste à combiner, au niveau de chaque région, les capacités existantes et futures de mobilisation des eaux conventionnelles (barrages et nappes phréatiques) et non conventionnelles (dessalement et eaux usées épurées), afin de constituer une réserve stratégique, et avoir une visibilité dépassant l'année hydrologique, pour la satisfaction des besoins nationaux en eau ménagère, industrielle et agricole. Le ministre a donné l'exemple du barrage de Béni Haroun, "avec les quatre autres ouvrages avec lesquels il est interconnecté, pourrait constituer cette réserve stratégique pour la région est du pays. C'est un projet ambitieux et une démarche tout à fait innovante qui va, à n'en pas douter, booster le développement socioéconomiques du pays." Questionné sur une éventuelle mise en œuvre d'une stratégie nationale intersectorielle, pour se mettre à l'abri des catastrophes naturelles, Abdelmalek Sellal a estimé que "le bouleversement climatique et le développement anarchique du tissu urbain font aujourd'hui des inondations un facteur de catastrophe naturelle potentiel qu'il nous faut prendre en compte autant, si ce n'est plus, que le risque sismique." Dans ce sillage, le ministère des Ressources en eau a dégagé une enveloppe de 50 milliards de dinars pour la réalisation de plusieurs projets de protection des villes et des agglomérations urbaines contre les inondations. Outre cela, le ministre a fait savoir que trente études pour des projets similaires sont en cours à travers le territoire national pour la protection des villes et des périmètres d'irrigation. Quant à l'assainissement, le ministre a noté que plus de 80% du réseaux national d'assainissement ont été réalisés, portant ce dernier à 38 000 km. Cela s'est traduit par une nette progression du taux de raccordement à l'égout, qui est passé à 86%, dépassant ainsi les Objectifs de développement du millénaire fixés par l'Organisation des Nations unies. Hamid Si Salem