Au moment où la crise financière continue de fragiliser davantage la croissance mondiale, les fonds souverains sont à nouveau au centre d'un débat critique parmi les cercles dont l'hostilité à la florescence de ces derniers. En effet, après le Fonds monétaire international qui a appelé à la limitation de l'élan des fonds souverains, un document intitulé "Les règles de bonne conduite", les appréhensions à l'égard de ces nouvelles formes de sources de financement de l'économie vont crescendo. Philippe Delmas et Alain Bauer, respectivement président de PHD Associates et consultant viennent ainsi de relancer le débat en soulignant que "nourris par une rente pétrolière ou des excédents commerciaux, les fonds souverains détenus par des Etats sont devenus des épouvantails. Et s'ils venaient à faire une razzia sur nos Bourses au plus bas ? Avec 2 800 milliards de dollars d'encours et des propriétaires patients, comment ne seraient-ils pas tentés ? (…) Certes, ces fonds manquent souvent de transparence. La note attribuée par des économistes américains ne dépasse pas 5 sur 20 pour la plupart des fonds du Moyen-Orient, et à peine la moyenne en Asie, contre 18 en Norvège. Combiné avec les ambitions politiques de certains Etats propriétaires, cela nourrit les fantasmes. Cependant, le FMI a émis des directives précises à ce sujet en 2008, qui seront complétées par l'OCDE en 2009, afin de remédier à cette lacune". Dans leur exposé, les deux spécialistes qui imputent, à tort et à travers, aux fonds souverains toutes les tares du monde de la finance alors que les défauts il faut les chercher ailleurs. En effet, ce ne sont pas les fonds souverains qui sont à l'origine de la crise des subprimes qui, au bout de quelques mois, ont fini par avoir des effets dévastateurs sur l'ensemble de l'économie mondiale. Dans le même texte, il est relevé que les fonds souverains tardent encore à avoir un poids consistant au sein de l'économie mondiale. "Les fonds souverains ne représentent que 3 % des actifs financiers mondiaux, 15 % de ceux des compagnies d'assurance. Ensemble, les trois premiers gérants privés (UBS, Barclays, Allianz) gèrent plus de capitaux que les 150 fonds souverains recensés et chacun environ deux fois plus que le plus grand, Adia, d'Abu Dhabi. Selon la Fed, début 2008, la totalité des fonds souverains pétroliers ne possédaient que 3 % des actifs financiers détenus par des étrangers aux Etats-Unis, contre 12 % pour les Japonais". Les mêmes cercles recommandent, en revanche, aux pays comme la France, connus pour leur liberté de choix des ressources financières pour la couverture des besoins du pays en matière d'investissement, pour endiguer l'avancée des fonds souverains dans leurs économies locales. "La France de la dette et de la dépense publique sera un pays de moins en moins souverain dans la géographie économique mondiale, parce qu'elle n'a pas les moyens de suivre la concurrence par l'investissement. En créant le FSI, Nicolas Sarkozy a mis en évidence l'éloignement de la France par rapport aux pays qui préparent le mieux leur avenir. Nous sommes différents de la Chine et du Koweït, mais dans la même arène", est-il conclu dans le document en question. M. Amani