Barack Obama, qui a bâti l'essentiel de sa campagne électorale sur le changement et a été élu pour cela, compte visiblement aller au bout de ses promesses de rupture avec son prédécesseur. C'est du moins ce qui transparaît à travers son volontarisme et sa volonté de transparence et de recherche de consensus, même là où il n'en a point besoin pour faire passer ses programmes de réforme. C'est une plus grande transparence dans la gestion des affaires du pays qu'Obama étrenne sa série d'actions de changement et de rupture. "Depuis longtemps, il y a eu trop de secrets dans cette ville", a déclaré Barack Obama, qui a fait campagne sur le thème du "changement à Washington". "Les vieilles règles voulaient que s'il y avait des arguments solides pour ne pas révéler quelque chose aux Américains, eh bien cela ne devait pas être révélé. Cette ère est maintenant révolue". Non content de décréter la transparence, il se promet de donner l'exemple : "Je me conformerai moi-même, en tant que président, à une nouvelle norme de transparence" et d'ajouter : "L'information ne sera plus retenue simplement parce que j'en ai décidé ainsi, elle le sera parce qu'une autorité séparée - le ministère de la Justice - aura considéré que ma requête est constitutionnellement fondée". Mais dans un pays où la pratique démocratique séculaire croise inévitablement l'intrigue et s'en nourrit même, le nouveau maître de la Maison-Blanche pourra-t-il se départir des lobbies et des groupes de pression multiformes qui ont toujours fixé la ligne de conduite de la politique américaine ? Lui, du moins, y croit ; il a promis que les lobbyistes seraient "soumis à des limites plus strictes que sous aucune autre administration dans l'histoire". Il a ainsi assuré qu'il voulait mettre fin au "tourniquet" qui permet aux employés des groupes de pression d'entrer et de sortir à volonté du service public "faisant passer leurs intérêts avant ceux du peuple américain". Cette volonté de transparence s'accompagne, aussi, de décisions d'austérité au niveau de la Maison-Blanche. Ainsi, Obama a décidé de geler les gros salaires de ses proches collaborateurs et les plafonner à 100.000 dollars/an. "En cette période de difficultés économiques, les familles américaines sont obligées de se serrer la ceinture et c'est aussi ce que Washington doit faire", a-t-il motivé sa décision. Autre forme de rupture, sa volonté de réduire la dépendance énergétique des Etats-Unis, surtout vis-à-vis du pétrole. Il a, ainsi, présenté de nombreuses mesures en faveur des économies d'énergies et des énergies renouvelables. Une politique radicalement opposée à l'administration précédente. Il a demandé à son département des transports d'établir des niveaux d'efficacité énergétique plus élevés pour les constructeurs automobiles américains afin de réduire la consommation des nouveaux modèles d'ici 2011. "Cela permettra de stimuler l'innovation nécessaire pour faire en sorte que notre industrie de l'automobile évolue au rythme des concurrents dans le monde entier", justifie-t-il. Le Congrès a déjà adopté une loi pour réduire les normes de consommation à 7 litres aux 100 km d'ici à 2020, soit 40% de moins qu'à l'heure actuelle. La rupture se situe aussi au niveau de sa perception des relations des USA avec le reste du monde, et notamment avec le monde arabo-musulman. Dans ce registre, Obama est loin des attitudes arrogantes et belliqueuses de George W. Bush. Il en est même aux antipodes. Dans sa première interview qu'il accorde à une chaîne de télévision, il affirme sur Al Arabia que "les Etats-Unis ne sont pas l'ennemi du monde arabe". M.Obama déclare, ce mardi, à la chaîne basée à Dubaï, que son travail pour le monde arabe est de "communiquer que les Américains ne sont pas votre ennemi". M. Obama a indiqué que son travail pour le monde arabe est de "communiquer que les Américains ne sont pas votre ennemi" et d'assurer qu'il tiendrait ses engagements de campagne vis-à-vis du monde musulman: non seulement d'engager sans attendre l'effort pour faire la paix entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi de retirer les troupes américaines d'Irak, de prononcer rapidement un discours à l'adresse des musulmans depuis une grande capitale musulmane, et plus généralement de tendre la "main de l'amitié" au monde musulman et de restaurer la relation qu'ont les Etats-Unis avec lui. Plus spécifiquement, sur le Proche-Orient le président américain a dit dépêcher son émissaire George Mitchell avec pour consigne de "commencer par écouter parce que, trop souvent, les Etats-Unis commencent par dicter les choses. (...) Au bout du compte, ce n'est pas à nous de dire aux Israéliens ou aux Palestiniens ce qui vaut mieux pour eux. Il va falloir qu'ils prennent certaines décisions". Et de conclure sur ce chapitre : "En envoyant George Mitchell au Proche-Orient, je tiens ma promesse disant que nous n'attendrons pas la fin de ma présidence pour nous occuper de la paix entre Palestiniens et Israéliens, que nous allons commencer dès à présent". Beaucoup de bonne volonté et de volontarisme qui risquent néanmoins de se heurter aux inamovibles lobbies de fabricants d'armes, à ceux des finances et des constructeurs automobiles qui n'entendent pas se conformer à des règles qui risquent de saper les fondements mêmes de leurs empires. Synthèse N. Benchaa