Le Pr. Mohamed Bouayed, spécialiste en chirurgie vasculaire au CHU d'Oran a souligné, jeudi à Alger, la nécessité de mettre en place une équipe médicale pluridisciplinaire pour le traitement du pied diabétique. Cette équipe médicale sera composée, selon M. Bouayed, de spécialistes en diabétologie, en médecine interne, en chirurgie vasculaire et en orthopédie pour traiter le pied diabétique, devenu désormais une lourde charge pour la santé publique. Qualifiant l'infection du pied diabétique de "très grave", le spécialiste a ajouté qu'elle est responsable de 50% des cas d'amputation, précisant que la moitié des diabétiques atteints de cette infection subissent une amputation des deux pieds dans un délai de cinq ans. Soulignant que les complications de cette maladie sont 17 fois plus importantes chez les diabétiques, l'intervenant a ajouté qu'elles sont à l'origine de l'ulcère du pied dans 15% des cas et de 50% des décès. Intervenant à l'occasion de la première journée d'étude sur la prévention et le traitement du pied diabétique, organisée par "LADpharma", M. Bouayed a indiqué qu'il est difficile pour le service de chirurgie vasculaire de prendre en charge le traitement du pied diabétique, le délai de cicatrisation étant de 7 mois. Il a, d'autre part, présenté une étude réalisée sur un échantillon de 302 malades, âgés entre 40 et 88 ans, hospitalisés pendant un mois au niveau du CHU d'Oran. L'étude relève 176 cas d'infection d'un ou de deux orteils (57 %) et 82 cas d'infection de plusieurs orteils (27 %). Par ailleurs, l'étude fait état de 278 opérations de revascularisation (92 %), 48 angioplasties (stent), contre 28 amputations majeures du pied (8%), 34 amputations de la cuisse (22,3 %) et 20 cas de décès (7,1 %). S'appuyant sur des statistiques de la Fédération internationale du diabète, le Pr. Fouzia Sekkal, chef de service de diabétologie au CHU Lamine Debaghine de Bab el-Oued, a souligné qu'un diabétique subit une amputation de pied toutes les 30 minutes à travers le monde. Selon elle, l'amputation du pied est notamment due à une consultation médicale tardive, au manque de structures d'accueil et à l'évolution silencieuse du diabète chez beaucoup de sujets, puisque, a-t-elle indiqué, le malade aurait contracté le diabète 5 à 10 ans auparavant et son pied serait infecté sans qu'il s'en rende compte. Dans la majorité des cas, poursuit le Pr Sekkal, le malade amputé n'accepte pas sa situation et devient, par conséquent, hanté par un abattement psychologique. A cet effet, elle a appelé à une prise en charge totale du pied diabétique et à s'assurer de l'état métabolique du patient tout en conseillant d'examiner ses reins, son cœur et autres troubles et d'établir ensuite un diagnostic neurologique, vasculaire et orthopédique. L'intervenante a en outre rappelé l'importance d'une coordination médicale entre les médecins généralistes et spécialistes, du choix du meilleur traitement ainsi que de la mobilisation de moyens et de personnel médical en vue d'assurer un bon traitement du pied du diabétique. Cette journée d'étude a été, par ailleurs, une occasion pour le directeur général du laboratoire "LADPharma",Abdelkrim Djebbar et la représentante du laboratoire cubain qui produit le "Heberprot-P" en injections, de présenter ce médicament. R.T