Le Fatah et le Hamas sont convenus samedi de retirer leurs hommes en armes des rues de la bande de Ghaza et de mettre fin au bain de sang qui a coûté la vie à 24 Palestiniens en trois jours. Mais quelques heures après l'annonce de l'accord, des tirs continuaient de retentir dans la ville de Ghaza et un membre des Forces de sécurité nationale fidèles au président Mahmoud Abbas a été abattu tandis qu'un autre était enlevé, ont rapporté des responsables de la sécurité. L'incident survenu à un point de contrôle n'a pas été revendiqué, mais des responsables du Fatah ont imputé la fusillade au Hamas. La télévision a invité la population locale à signaler au commandement central conjoint les hommes armés qui ne se seraient pas retirés de leurs positions. Des habitants de Ghaza affirment qu'au lever du jour, ils auront une idée plus claire des chances de tenue de la trêve. L'accord a été annoncé par le ministre de l'Intérieur, Saïd Seyam, du Hamas, après des discussions avec Rachid Abou Chbak, du Fatah. Il a déclaré que l'accord portait sur “un cessez-le-feu immédiat, un retrait des hommes armés des rues et des toits des bâtiments et une levée de tous les barrages”. La police va se déployer dans les rues pour rétablir l'ordre et la sécurité en lieu et place des forces rivales issues des deux mouvements: les nationalistes du Fatah, fidèles au président Mahmoud Abbas, et les islamistes du Hamas, à la tête du gouvernement. Ecoles et commerces étaient fermés samedi dans la ville de Ghaza et les personnes habitant près de l'Université islamique, proche du Hamas, ou de l'Université Al Azhar, bastion du Fatah, se sont calfeutrées chez elles pour échapper aux éventuelles balles perdues. A Beit Lahiya, ville du nord de la bande de Ghaza, des activistes du Hamas ont tenté de faire exploser le siège local de la Force de sécurité préventive, un corps fidèle à Abbas, a dit un responsable du Fatah. Incapables de parvenir à leurs fins, ils ont incendié le bâtiment, a-t-il ajouté. Au moins 24 Palestiniens sont morts et plus de 200 ont été blessés depuis que le dernier cessez-le-feu en date s'est effondré jeudi, lorsque des combattants du Hamas ont tendu une embuscade à un convoi transportant, selon eux, de l'équipement militaire destiné au Fatah. Les tensions nées de la victoire électorale du Hamas contre le Fatah en janvier 2006 ont dégénéré en affrontements armés en décembre avec l'annonce par Abbas de la tenue d'élections présidentielle et législatives anticipées en raison de l'échec des discussions sur la formation d'un gouvernement d'union. Le Hamas a qualifié cette initiative de coup d'Etat. Le mouvement islamiste accuse en outre les Etats-Unis d'attiser les tensions entre Palestiniens par leur blocus financier du gouvernement, décrété après l'arrivée du Hamas au pouvoir. Les Etats-Unis ont par ailleurs promis 86 millions de dollars d'aide aux forces de sécurité d'Abbas. Des documents consultés par Reuters montrent que ce programme d'assistance pourrait concerner au moins 13.500 partisans d'Abbas. A la demande du roi Abdallah d'Arabie saoudite, Abbas et Khaled Méchaal, chef en exil du Hamas, ont accepté de se rencontrer mardi à La Mecque pour tenter de combler leurs divergences sur la formation d'un gouvernement d'union, a dit un collaborateur du président palestinien. La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside l'Union européenne, est la dernière dirigeante occidentale en date à se rendre, dès samedi, dans la région. Sa tournée de quatre jours passe par l'Egypte, l'Arabie saoudite et les pays du Golfe et ses entretiens devraient essentiellement porter sur le conflit israélo-palestinien.