Un fragile cessez-le-feu est entré en vigueur lundi entre le Fatah et le Hamas après plusieurs jours de violents affrontements qui ont mené la Bande de Ghaza au bord de la guerre civile. L'incertitude règne toutefois sur le respect de cette trêve car des hommes lourdement armés appartenant aux deux factions rivales continuent de circuler dans les rues, où l'atmosphère reste extrêmement tendue. De précédents accords intervenus cette année entre les différents groupes palestiniens pour mettre fin aux luttes intestines sont restés lettre morte. Des tirs sporadiques ont retenti au cours de la nuit et deux membres de la force de police contrôlée par le Hamas ont été blessés peu après l'annonce du cessez-le-feu. La journée de dimanche a été marquée par de violents affrontements entre les forces du Fatah et du Hamas. Les bureaux du président Mahmoud Abbas ont été la cible de tirs de mortier tandis que les forces du Fatah, sa faction, se sont emparées de deux ministères. Abbas ne se trouvait pas à Ghaza à ce moment-là. Au moins trois personnes ont été tuées et vingt autres blessées. La confrontation est montée d'un cran samedi lorsque le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé sa décision de convoquer des élections législatives et présidentielle anticipées, une initiative destinée à obtenir la levée des sanctions imposées par les Occidentaux au gouvernement dirigé par le Hamas, en place depuis neuf mois. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, en tournée dans la région pour tenter de relancer le processus de paix au Proche-Orient, est arrivé en Israël juste avant l'annonce, dimanche soir, du cessez-le-feu. Il doit rencontrer le président de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie ainsi que le Premier ministre israélien Ehud Olmert à Jérusalem. devrait notamment évoquer avec Abbas l'extension d'un programme d'aide européen qui contourne le gouvernement du Hamas. Le mouvement radical islamiste a menacé de boycotter le scrutin anticipé que veut organiser le président Abbas. Le Hamas et le Fatah tentent depuis plusieurs mois de se mettre d'accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale, mais les discussions se trouvent pour l'instant dans l'impasse, en raison notamment du refus du Hamas de modifier sa position vis-à-vis d'Israël. Quelques heures avant l'annonce du cessez-le-feu, le ministre des Affaires étrangères Mahmoud al-Zahar, haut responsable du Hamas, avait accusé les forces d'Abbas de tenter un putsch contre le gouvernement du Hamas à Ghaza. Les deux principales formations palestiniennes sont convenues de rétablir le calme dans la Bande de Ghaza. L'accord prévoit de faire rentrer les forces de sécurité dans leurs cantonnements, de relâcher les personnes enlevées par chaque camp et de mettre fin aux sièges de deux ministères contrôlés par le Hamas. Selon le Fatah, il ne prévoit pas la reprise des discussions sur la formation d'un gouvernement d'union, comme l'a annoncé le Hamas. Abbas a déclaré que les élections législatives et présidentielle anticipées devaient avoir lieu au plus tôt, mais il a aussi dit que les efforts en vue de la formation d'un gouvernement d'union devaient se poursuivre. La loi fondamentale palestinienne ne prévoit pas d'élections anticipées. Le Fatah affirme qu'Abbas peut en convoquer par décret présidentiel. Le Hamas, arrivé au pouvoir en mars après avoir battu le Fatah dans les urnes, maintient que ce serait illégal.