Un proche collaborateur du maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, a déposé, lundi 2 février, une demande de destitution du président malgache Marc Ravalomanana devant la Haute Cour constitutionnelle (HCC). "Il appartient à la HCC de constater et d'examiner les documents en annexe pour qu'elle puisse prendre une décision" au regard de ces documents listant une série de violations présumées de la Constitution par M. Ravalomanana, a déclaré Andriamanjato Ny Hasina, coordonnateur général de la commune d'Antananarivo. Le chef de la sécurité de la HCC a fait office de greffier et accusé réception du courrier du maire. Le maire de la capitale, 34 ans, s'était publiquement proclamé samedi en charge des affaires nationales du pays en lieu et place de l'actuel président et avait annoncé à cette occasion le dépôt prochain d'une demande de destitution, après avoir dressé un véritable réquisitoire contre le président. La semaine qui s'ouvre pourrait se révéler décisive à Madagascar. Lundi 2 février au matin, un quatrième rassemblement des partisans du maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, semblait marquer un reflux du mouvement de contestation, mais la situation restait incertaine. Le maire rebelle s'est en tout cas employé à justifier son surnom d''Andry TGV'. Devant plusieurs dizaines de milliers de ses partisans, samedi 31 janvier, il s'est autoproclamé responsable suprême de Madagascar en place du président Marc Ravalomanana, élu en 2006. 'Je proclame que je vais gérer toutes les affaires nationales à partir d'aujourd'hui, a lancé M. Rajoelina. Nous sommes en train de mettre en place le gouvernement de transition et c'est moi qui vais gérer le gouvernement. Je fais appel à la Banque centrale pour qu'elle ne délivre plus d'argent au gouvernement. Je demande à tous les ministères de fermer à partir de lundi.' Quelques instants plus tôt, telle une rock-star, 'Andri TGV' est monté sur l'estrade, accueilli par la musique triomphale de la Conquête du Paradis d'Evangelis, et une marée de mains levées faisant le signe du V de la victoire. Tout le monde veut l'apercevoir, le prendre en photo. Ce n'est pas simple. Sur scène, le jeune maire rebelle est à peine visible derrière une dizaine de gardes du corps. Devant lui, la foule teintée d'orange, en référence à la couleur de la révolution ukrainienne, est moins compacte que lors des deux précédentes manifestations. Mais elle déborde des extrémités de l'avenue de l'Indépendance. Le show est bien rôdé. Chaque prise de parole d'un soutien du maire est ponctuée d'un extrait musical entraînant. Les manifestants sont chauffés à blanc au moment où l'édile annonce qu'il prend les commandes du pays. A la fin du meeting, Françoise Volazar, la cinquantaine, arbore son plus beau sourire. 'Avec Ravalomana, le peuple a souffert, c'est fini maintenant confie cette chômeuse. Je crois en Andry TGV car il est jeune et à notre écoute B Houari.