En tant que fournisseur sûr des ressources énergétiques, respectant strictement ses engagements en matière de signature de contrats, la Russie joue un rôle important pour la sécurité énergétique mondiale. Et jusqu'à preuve du contraire, bon nombre de ses clients européens, à l'instar de l'Allemagne, la Pologne, la Finlande, la Turquie et des pays baltiques reçoivent toujours du gaz russe. Et ce pour la simple raison que leurs approvisionnements ne transitent pas par l'Ukraine. Cette dernière a fait le transit du gaz russe vers l'Europe par son territoire, et ce, sous les injonctions de l'Otan, son cheval de bataille. L'enjeu du conflit était pourtant simple à l'origine : il porte sur le prix du mètre cube de gaz réclamé par Moscou et sur le prix demandé par Kiev sur le transfert. Rappelons, à ce titre, que Kiev exige de payer son gaz à prix largement inférieur à ceux du marché international alors rien ne peut justifier un traitement aussi avantageux. Il ne faut pas omettre le fait que le président ukrainien, Victor Iouschenko, a mis en doute l'accord signé sur la reprise du transit gazier en Europe et les livraisons du gaz russe. Pour réaliser ses ambitions politiques en se rapprochant un peu plus du camp Otan, et c'est ce que confirment ses proches collaborateurs, il est prêt à contester les accords consensuels atteints grâce à la position flexible de la Russie. A la différence de la Russie qui a signé et ratifié la Charte énergétique, l'Ukraine ne l'a pas fait et a violé du coup les traités internationaux. Ceci étant, Kiev a provoqué la crise gazière en hiver et a tenté de faire porter la responsabilité à la Russie et à Gazprom. Au lieu de rappeler l'Ukraine à l'ordre, l'Europe feint d'observer la neutralité dans le conflit et laisse Kiev tenter de politiser la question des approvisionnements de l'Europe surtout après ses dernières ouvertures vers l'Otan. Le voyage de Dick Cheney à Kiev et de ses déclarations sur le droit de l'Ukraine à rentrer dans l'Alliance atlantique, étaient des signes clairs encourageant Kiev à défier la Russie. Mais c'était compter sans cette dernière qui a su voir en cette manœuvre, une tentative de l'Otan de créer une sorte de cheval de Troie. La réponse a été, on ne peut, plus claire. Aussi, il est important de souligner que la Russie entend avancer de nouvelles initiatives en vue de garantir la sécurité européenne. Elles visent à exclure la répétition des crises gazières comme la récente provoquée par les actes illégaux des autorités ukrainiennes ayant bloqué les livraisons de gaz russe à l'Europe. Selon les analystes, très prochainement, l'Europe va connaître d'importants déficits en capacités de transport. C'est pour cela que la construction des gazoducs importe tant à Gazprom qui s'efforce d'optimiser la route de Northstream (connexion sous-marine reliant la Russie à l'Allemagne). Ce dernier apportera pas moins de 55 milliards de mètres cubes par an au marché de l'Europe du Nord. Le projet Southstream, en coopération avec l'Allemagne et l'Italie, contribuera également à la sécurité d'approvisionnement de l'Europe. Des accords ont déjà été signés avec la Bulgarie, la Hongrie, la Serbie et la Grèce. La Slovénie et l'Autriche participeront aussi à ce projet. Pétrole et gaz sont des ressources de la plus haute importance stratégique et l'Europe ne peut pas, en l'état actuel, se passer des fournitures russes.