La débâcle financière a fragilisé les grands soutiens financiers du microcrédit, à savoir les banques, les fonds d'investissement, les donateurs privés et les institutions financières internationales. La question que se posent aujourd'hui les économistes est de savoir dans quelle mesure les besoins supplémentaires pourront être satisfaits. C'est pourquoi la Banque mondiale, et en réponse à toutes les interrogations, a annoncé le 5 février dernier, la création, en coopération avec l'Allemagne, d'un fonds de 500 millions de dollars, l'équivalent de 390 millions d'euros, destiné à soutenir les institutions de microfinance. Il faut dire que les bailleurs internationaux et la classe politique perçoivent bien cet enjeu économique. Selon des études effectuées par le Bureau international du travail (BIT) la crise va basculer jusqu'à 176 millions de travailleurs dans la pauvreté en cette année 2009. C'est pourquoi de nombreux experts trouvent que le microcrédit, qui est relié à l'économie réelle, va amortir le chômage, une fonction qui n'est pas négligeable. Il faut dire que la France n'est pas le seul pays à percevoir l'intérêt de la microfinance. Aux Etats-Unis, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, compte parmi ses plus fervents soutiens. Et, fait symbolique, le Bangladais Muhammad Yunus, considéré comme le père du microcrédit à travers sa fameuse Grameen Bank, vient d'y implanter ses premières agences. En 1983, Muhammad Yunus, jeune professeur d'économie, crée la Grameen Bank au Bangladesh. En 1997, la première campagne internationale du microcrédit est lancée. En 2006, M. Yunus et son organisation reçoivent le Prix Nobel de la paix. La Grameen dispose de près de 1 400 succursales et travaille dans plus de 50 000 villages dans le monde. On ajoutera que le secteur du microcrédit connaît une croissance annuelle de 30%, selon des études menées par PlaNet Finance, ONG fondée par Jacques Attali, la demande potentielle est évaluée à 263 milliards de dollars, soit 206 milliards d'euros. Ce qui veut dire que près de 70 millions des clients de la microfinance vivent avec moins d'un dollar par jour. Selon Pancho Otero, directeur de l'Institut des politiques pour la microentreprise de Santa Cruz (Bolivie), "dans certains pays du continent américain, très dépendants de l'économie américaine, la hausse du chômage va engendrer une augmentation de l'économie informelle mais aussi une progression de la demande en microcrédit", bouée de sauvetage pour les exclus. De son côté, Mme Nowak, l'une des premières à importer en Europe cette forme de financement, née dans les pays en développement, a intervenu en disant que le recours au microcrédit pourrait concerner le Sud et le Nord. Avant d'ajouter que beaucoup de salariés se retrouvent à la rue du fait des nombreux plans sociaux, le travail indépendant se développe, nous le constatons en France. Le microcrédit permet aux chômeurs d'obtenir un premier revenu, il constitue, en temps de crise, un puissant levier d'insertion professionnelle et sociale. Malika A.