C'est officiel, le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, ce jeudi, sa candidature à la prochaine présidentielle, tout en dévoilant les priorités de son programme pour les cinq années à venir. Il s'agit de poursuivre le processus de la réconciliation nationale tout en continuant à lutter contre le terrorisme, établir l'Etat de droit et lancer un programme intense pour le développement économique du pays basé, notamment, sur le secteur public aux côtés de l'investissement étranger "en préservant l'intérêt du pays et l'aspect de l'Etat régulateur". En outre, il n'a pas manqué d'affirmer le maintien de certains choix, dont l'adhésion à l'UPM, l'accord d'association avec l'UE et le processus d'adhésion à l'OMC qui n'a toujours pas abouti. M. Bouteflika s'est également montré très optimiste quant à la gestion des effets de la crise économique mondiale sur l'économie nationale, en annonçant qu'un programme quinquennal d'une valeur de 150 milliards de dollars sera lancé malgré la crise, tout en promettant la création de 3 millions d'emplois grâce aux différents mécanismes. Devant près de 7 000 personnes, qui ont assisté à un grand show tenu ce jeudi à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf, à Alger, le candidat Bouteflika qui se présente pour un troisième mandat, a souligné qu'il ne pouvait rester sourd devant les différents appels qui l'appelaient à ce présenter au scrutin du 9 avril, notamment ceux des partis de l'Alliance présidentielle, les organisations de la société civile, le patronat et autres. Pour le candidat Bouteflika, le chemin qui reste à parcourir est encore long s'il y a la volonté de mettre définitivement le pays à l'abri des crises, et s'il y a la volonté de garantir aux générations futures un développement et un bien-être à l'abri des événements. Conscient des effets de la crise économique mondiale, il a souligné que la conjoncture économique mondiale actuelle et ses conséquences dans diverses régions du monde, face à un ordre mondial déséquilibré et injuste, "nous rappelle que notre avenir national ne sera que le résultat d'un effort réel et collectif, tout comme notre destin national ne sera que le fruit de notre volonté et de nos sacrifices", a-t-il dit. Trois engagements pour les 5 années à venir Pour ce qui est de son programme comme candidat à la présidentielle, il s'est tracé trois axes. Il s'agit, en premier, de poursuivre la promotion de la réconciliation nationale, tout en assurant que "nous continuerons à faire face par tous nos moyens à la menace terroriste, mais la porte sera maintenue ouverte devant tout égaré qui saura se ressaisir". Il a aussi évoqué la promotion et la défense de la démocratie qui est une affaire de tous les acteurs politiques. Il estime qu'il reviendra, cependant, aux institutions "d'assumer leur rôle d'arbitre dans l'application et le respect des lois du pays". Selon lui, la démocratie sera renforcée par une plus grande ouverture en direction de la femme, exprimant son intention d'œuvrer à la concrétisation des nouvelles dispositions constitutionnelles relatives à la promotion de la place de la femme dans les assemblées élues. Le candidat Bouteflika a affirmé que la loi sera mise à contribution pour "franchir les premiers pas dans cette direction", tout en expliquant que la révision constitutionnelle attribue un devoir supplémentaire à l'Etat, celui de promouvoir l'écriture de l'histoire nationale et son enseignement à nos jeunes générations. Le second engagement du candidat Bouteflika est relatif à la poursuite du processus de réforme dans tous les domaines, ainsi que la consolidation de l'autorité de la loi. Il rappellera les réformes structurelles engagées dans divers secteurs, notamment celui de la justice où "malgré l'ampleur de la crise que nous avons vécue, l'autorité de l'Etat a été rétablie et renforcée. Mais le raffermissement de l'autorité de la loi est un défi nécessitant la contribution active de la société aujourd'hui victime de dérives que nous déplorons tous et pour lesquelles il faut des mesures énergiques", a-t-il affirmé. Enfin, le troisième et dernier engagement qu'il tient à prendre devant le peuple "dès ce jour", est relatif à la poursuite de l'effort intense du développement économique et social. Sur ce point, il dira que pour la première fois depuis l'indépendance, l'Algérie peut aspirer à maintenir son élan de développement en dépit d'une crise économique mondiale sérieuse que "nous ne pouvons ignorer". A ce titre, il a joutera que "nous ne pouvons nous permettre de nouveaux retards par rapport au reste du monde qui avance. Il est vital pour nous de valoriser au mieux nos moyens et nos atouts pour résorber nos déficits sociaux mais aussi pour construire une économie diversifiée, source de revenus additionnels à ceux des hydrocarbures". UN PROGRAMME DE 150 MILLIARDS DE DOLLARS POUR LES 5 PROCHAINES ANNEES Dans ce cadre, il a assuré que l'Etat mobilisera "encore plus intensément" ses ressources au service du développement du pays, soulignant qu'il envisage de porter cet engagement à l'équivalent de 150 milliards de dollars, pour les 5 prochaines années, en même temps, poursuivre la mobilisation des investissements nationaux et étrangers. En outre, il a affirmé soutenir la relance du secteur économique public "viable" sur la base des règles du marché et de la compétition, tout en appuyant les capacités nationales d'investissement et de création de richesses "véritables". Oui à l'économie de marché, mais la régulation de l'Etat est indispensable Le candidat Bouteflika s'est engagé à continuer à encourager l'investissement étranger dans notre pays dans le respect des intérêts de l'économie nationale et sur la base d'un gain partagé. Il indique clairement que dans l'esprit des réformes et de ses engagements économiques, et aussi à la lumière des développements et des exemples dans le monde, il entend "veiller au renforcement du rôle régulateur de l'Etat dans le domaine économique, pour que la contribution des investissements nationaux et étrangers s'inscrive réellement au service du développement de notre pays et préserve les équilibres et l'avenir économique de l'Algérie". Il s'agit aussi, selon lui, de faire reculer ou même éradiquer la crise du logement, tout en renforçant, par des incitations diverses, le développement de la promotion immobilière et les capacités des citoyens à accéder à la propriété de leur propre demeure. Il sera aussi question de lutter contre le chômage grâce aux programmes d'investissement publics, à la promotion de l'investissement économique dans tous les domaines ainsi qu'aux dispositifs publics d'aide à l'emploi. A ce titre, il a affirmé qu'il envisage la création de trois millions d'emplois au cours des cinq prochaines années, dont la moitié par la biais des dispositifs d'emploi d'attente. Il a affirmé aussi qu'il maintiendra la politique nationale de justice sociale et de solidarité nationale, tout en veillant à lutter contre les gaspillages, et à l'orienter davantage vers ses destinataires légitimes. D'autre part, il est revenu sur certains "acquis" durant les deux précédents mandats. A ce titre, il dira que "la sécurité et la paix sont désormais très largement restaurées à travers le territoire national". Dans ce cadre, il a rappelé les mesures décrétées dans le cadre de la Concorde civile, la réconciliation nationale et la détermination des forces de sécurité, à leur tête l'Armée nationale populaire. Son second souci, comme l'a si bien dit, c'était de mettre un terme à l'isolement de l'Algérie sur la scène internationale après avoir été "l'objet d'un embargo qui ne disait pas son nom", ajoutant que "tout le monde reconnaît le rôle prééminent de l'Algérie sur la scène africaine et sa solidarité active avec l'ensemble des pays africains". L'Algérie restera à l'UPM Dans ce cadre, Bouteflika a défendu certains choix tenus sous ses deux précédents mandats, notamment l'accord d'association avec l'UE et l'adhésion à l'Union pour la Méditerranée. Sur ce point, il a bien affirmé que l'Algérie continuera à investir dans l'UPM sans remettre en cause ses principes et ses engagements, notamment pour la consécration des droits légitimes du peuple palestinien. C'est ainsi que le candidat Bouteflika répond à tout ceux qui ont appelé au retrait de l'Algérie de l'UPM à cause de l'agression israélienne contre le peuple palestinien, d'autant qu'Israél fait partie de cette Union et même le secrétariat de l'UPM a désormais un caractère politique et non technique, comme l'a souhaité l'Algérie. En outre, il a défendu le choix de l'Algérie de promouvoir ses droits économiques, tout comme elle poursuit ses négociations en vue de son adhésion à l'OMC dans des conditions favorables au développement national. Il n'a pas manqué également de souligner la mobilisation des ressources publiques et l'encouragement de l'investissement privé national et étranger dans tous les domaines. A ce propos, il a indiqué qu'il a été enregistré un total de près de 250 milliards de dollars investis, dont près de 160 milliards de dollars d'investissements publics dans divers secteurs, notamment pour la satisfaction des besoins socioéconomique de la population. Il a souligné aussi que le taux de chômage qui culminait à près de 30% en 1999, a été divisé par trois durant les dix dernières années, puisqu'il a été ramené à moins de 12%. Selon lui, de janvier 1999 à décembre dernier, notre pays a vu le recrutement de près de 3,5 millions de personnes dans les administrations, les différents secteurs économiques y compris agricole, et les multiples chantiers ouverts à travers le pays. A cela, il a ajouté que durant la même décennie, plus de 2,5 millions d'emplois équivalents ont été créés par les divers dispositifs de lutte contre le chômage. Au plan économique, le candidat Bouteflika a fait savoir qu'un programme public "imposant" de développement a été lancé, soutenu par l'investissement des entrepreneurs nationaux et étrangers. Un programme qui garantit, selon lui, une croissance moyenne hors hydrocarbures de 5% environ, avec des pointes de plus de 6% ces deux dernières années et la création de 120 000 nouvelles PME .Il a également indiqué que "l'endettement extérieur du pays a été ramené de plus de 29 milliards de dollars en 1999 à moins de 5 milliards de dollars actuellement, alors que la dette extérieure publique est inférieure à 500 millions de dollars". Il a aussi fait remarquer que "l'Algérie a pu accumuler des réserves de change qui totalisent aujourd'hui plus de 140 milliards de dollars et qui (lui) permettent de faire face à la crise économique internationale, avec prudence certes, mais aussi sans crainte pour la poursuite de nos efforts de développement". Il est revenu, également, sur la stabilité des capacités du budget public, ce qui se reflète, selon lui, par une épargne de l'Etat de plus de 4 000 milliards de dinars dans le Fonds de régulation des recettes et la dette publique intérieure a été ramenée de près de 1 800 milliards de dinars à près de 700 milliards de dinars. Avant de conclure que "tout cela aidera notre pays à faire face aux années difficiles qui s'annoncent avec la baisse des recettes des hydrocarbures, lesquelles constituent encore la part dominante des recettes de l'Etat". Evoquant la révision de la Constitution, il souligné que celle-ci a permis une consolidation plus marquée du lien de l'Algérie avec son histoire, une traduction plus concrète de la place de la femme dans notre pays, ainsi qu'une harmonie plus grande dans les rouages du pouvoir exécutif. Enfin, il a invité les Algériens à une mobilisation nouvelle pour relever les défis nationaux, ceux d'une stabilité toujours plus forte et ceux d'un bien-être durable qui ne soit plus otage des cours du pétrole. Il a aussi appelé les jeunes à renforcer leur confiance dans leur pays, soulignant que l'Algérie leur offre ses moyens, tout en les assurant "personnellement" de sa volonté et de son soutien. Il y a lieu de souligner que durant les semaines qui nous séparent du scrutin, le candidat Bouteflkika exposera de manière détaillée les voies et les moyens par lesquels il propose à la nation la poursuite et la consolidation de la voie entamée depuis 1999. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que l'opération de collecte de signatures pour ce candidat a débuté officiellement, hier, selon le directeur de la campagne électoral de Bouteflika, M. Sellal qui a indiqué aussi que cette opération se terminera le 20 du mois en cours et le dossier sera remis au Conseil constitutionnel le 22 février. A noter que le staff du comité de campagne est composé de 3 représentants de chaque parti de l'alliance, à savoir Hamraoui Habib Chawki, Abdelkader Khomri et abdesselam Bouchouareb. Nacera C.