Le recul généralisé des prix des matières premières n'empêche par les cours du blé, du sucre, du maïs et du cacao d'augmenter. Cette hausse effrénée pénalise de nombreuses populations, déjà profondément touchées par les problèmes survenus au printemps dernier. Dans un contexte incertain pour les marchés, les commodités pourraient susciter un regain d'intérêt, comme lors des débuts de la crise financière. Toutefois, les difficultés traversées par le secteur de l'industrie pénalisent certaines ressources, comme l'atteste Philippe Chalmin : " après une année comme 2008, il devient presque plus facile que d'habitude de dresser la tendance ", a-t-il expliqué la semaine dernière afin de présenter la nouvelle édition du rapport Cyclope. L'économiste a de nouveau mis en exergue le rôle des pays émergents dans la formation des prix, en particulier pour les produits liés à la production d'acier, et la crise alimentaire qui continue à faire des ravages. Du fait des forts besoins alimetnaires, les matières premières agricoles sont les seules à traverser sans problème les difficultés économiques actuelles. Les prévisions du cercle Cyclope tablent sur un accroissement de 23% des prix du sucre entre 2008 et 2009, une hausse de 12% pour le maïs et 8% pour le cacao. Le blé devrait pour sa part voir ses prix rester stables. Concernant les céréales, l'influence de la Chine pourrait avoir des conséquences désastreuses pour une large partie de la population mondiale : il suffirait en effet à la puissance économique d'en importer 5% de plus pour qu'elle s'accapare l'intégralité des exportations mondiales en la matière, a expliqué une chercheuse de l'université de Leeds. Cette situation serait à même de faire grimper les prix, d'autant plus que les terres les plus adaptées à l'agriculture sont avant tout réquisitionnées dans le cadre de projets d'urbanisme. Les gérants du fonds commun de placement Prim'Kappa Agri anticipaient ces mouvements en réorientant leur stratégie sur cette catégorie de ressources. " Si la crise économique actuelle tempère la consommation, des tendances de fond structurelles vont continuer d'accroître la demande finale pendant encore de nombreuses années ", indique-t-on. Les conditions climatiques défavorables constituent un des éléments clefs de cette hausse des cours tant redoutée. L'Etat d'urgence pour le secteur agricole a ainsi été décrété en Argentine, où les récoltes de blé devraient être divisées par deux cette année, selon l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). La sécheresse touche également le soja et le maïs, des produits sur lesquels le pays occupe une importante position. Ahmed Saber