Les pays de l'Union européenne tiennent à la mise en place d'un accord stratégique avec l'Algérie en matière d'énergie. C'est dans ce sens que l'ambassadrice, chef de délégation de la Commission européenne en Algérie, Mme Laura Baeza, a indiqué, hier, eu cours du Forum El-Moudjahid que des "discussions préliminaires visant la conclusion d'un mémorandum d'entente entre les deux parties sur l'énergie, ont été initiées", ajoutant que "les négociations n'ont pas encore été engagées". A propos de la libéralisation du marché européen du gaz, Mme Baeza a rappelé que l'Algérie et l'UE ont entamé un dialogue "très profond" sur les questions énergétiques, ajoutant que "la réunion qui aura lieu demain (mardi, NDLR) du sous-comité de l'énergie du transport et de l'environnement représente une occasion pour trouver des solutions" à ces questions. "Je suis certaine qu'à terme, nous allons trouver le moyen de résoudre les problèmes dans la mesure du possible et de façon à prendre en considération la réglementation européenne concernant la libéralisation du marché européen du gaz", a-t-elle indiqué. La diplomate européenne a conditionné l'aboutissement de tout accord à l'adaptation de l'Algérie à la réglementation européenne en la matière. La coopération énergétique constitue le noyau de la coopération entre les deux parties, notamment avec le souhait affiché par l'Europe de conclure un accord stratégique avec l'Algérie dans le domaine du gaz, afin de garantir sa sécurité d'approvisionnement. Il faut savoir que l'Algérie, qui fait partie actuellement des trois principaux fournisseurs de gaz de l'Europe, aux côtés de la Russie et de la Norvège, est appelée à prendre une place de plus en plus importante sur le marché européen dans les prochaines années. Cela d'autant que la politique énergétique européenne reconnaît que l'Algérie a "un rôle stratégique croissant", notamment en matière de gaz naturel liquéfié. A noter que l'Algérie assure 30 % des importations gazières de l'Europe. Cette part est appelée à augmenter à la faveur de la réalisation du gazoduc Medgaz, la reliant à l'Espagne dès cette année, et du Galsi qui doit la relier à l'Italie à l'horizon 2012, ainsi que le gazoduc transsaharien qui démarrera du Nigeria à l'horizon 2015. Evoquant plus largement la coopération entre l'Algérie et l'UE, Mme Baeza a indiqué que l'Algérie est un partenaire "essentiel" et "fiable", et que la crise économique n'affectera en rien la coopération entre les deux parties. Dans ce sens, elle a annoncé qu'une dizaine de réunions sont programmées en 2009 dans le but de développer la coopération bilatérale dans les secteurs de l'agriculture, du commerce et de l'énergie. D'autre part, Mme Baeza a indiqué qu'une enveloppe de 220 millions d'euros a été consacrée par l'UE à l'accompagnement du développement en Algérie, pour la période de 2007 à 2010. Selon l'ambassadrice, l'Algérie est un pays "riche" et n'a pas besoin d'argent mais beaucoup plus de l'assistance technique ou d'expertise. Les volets d'accompagnement sont, notamment, la relance économique, les finances, l'industrie et les privatisations, la promotion des ressources humaines, la démocratie et les droits de l'homme. Sur le volet politique, une réunion du comité d'association a eu lieu en mars 2008 et la deuxième réunion est prévue pour avril prochain. Qualifiant l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE de positif, elle a souligné que c'est à l'Algérie d'entamer une réflexion sur les réformes engagées et celles qu'il faut engager et apprendre de ce qui a été fait chez ses voisins en matière de réformes. Concernant l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE, elle a estimé que "les fruits de ce partenariat ne seront, réellement visibles qu'au terme du démantèlement tarifaire par l'Algérie prévu pour 2016", ajoutant que le coût des projets d'investissement lancés dans ce cadre s'élève à 500 millions d'euros. "C'est à compter de 2016 que les entreprises européennes seront plus animées à venir investir en Algérie, car elles vont pouvoir importer les équipements (européens) et exporter leurs produits sans payer de droits de douanes", a-t-elle prévu. "Mais je pense, à titre personnel, qu'on pourrait trouver des moyens pour accélérer la mise en œuvre de l'accord d'association pour inciter davantage les entreprises européennes à investir en Algérie", a-t-elle soutenu. L'ambassadrice a évoqué une feuille de route pour évaluer l'accord, sous forme d'un petit planning. Interrogée sur les nouvelles mesures prises par le gouvernement algérien à l'égard de l'investissement étranger, Mme Baeza a avancé que la prochaine réunion technique sur le commerce pourra constituer une occasion pour mieux s'enquérir de ce dispositif et son impact sur les investissements européens en Algérie. Dans ce contexte, elle s'est dite prête à discuter avec ses homologues algériens dans le but de développer le climat des affaires en Algérie. Sur ce point, elle a fait savoir que la partie européenne ''travaille sur ce dossier et sur un programme de modernisation de l'économie'' et a mis à la disposition de l'Algérie une assistance technique.S'agissant de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, elle a réaffirmé le soutien de l'UE à cette adhésion, tout en expliquant que la question revient à tous les membres de cette organisation. A noter que l'UE et les USA sont les deux parties qui ont émis de nouvelles questions à l'adresse de l'Algérie. Au niveau de la coopération régionale, Mme Baeza a souligné le rôle "important" de l'Algérie dans la réalisation de tous les programmes et initiatives régionales liés à la coopération méditerranéenne, affirmant que la coopération régionale a "un impact stratégique" car elle porte, a-t-elle dit, sur des questions majeures auxquelles sont confrontés tous les partenaires méditerranéens. Elle a relevé, à ce titre, que l'Algérie est un acteur dynamique dans le processus de Barcelone, précisant que grâce à son apport, "l'UE a pu élaborer un plan de conduite de lutte contre le terrorisme". L'Algérie a également contribué dans le cadre du processus de Barcelone, ajoute Mme Baeza, dans la mise en place de l'Union pour la Méditerranée (UPM) qui va mettre en œuvre des projets tels que la dépollution de la Méditerranée, le plan solaire euro-méditerranéen ainsi que l'université euro-méditerranéenne et autre. Elle s'est dite "extrêmement convaincue" du succès du processus de Barcelone et a précisé qu'"il a porté ses fruits". Elle a, cependant, reconnu que l'UPM est dans l'impasse à cause de l'agression Israélienne sur Ghaza, en ajoutant que le statut avancé demandé par le Maroc puis par Israël est suspendu pour l'instant. Nacera C.