Des hommes armés portant l'uniforme de l'armée irakienne ont enlevé dimanche un diplomate iranien en plein jour mardi alors qu'il circulait en voiture dans un quartier du centre de Baghdad, ont annoncé des responsables irakiens et iraniens, mardi. Un responsable du gouvernement irakien a précisé que le diplomate avait été capturé par une unité spéciale de l'armée irakienne placée sous le commandement direct de l'armée américaine. Un porte-parole de l'armée américaine a catégoriquement démenti toute implication de soldats américains ou irakiens dans cet enlèvement. "Nous avons contrôlés nos unités et aucune de ces unités des Forces multinationales en Irak (MNF-I) n'a pris part à ces événéments", a souligné le lieutenant-colonel Christopher Garver, ajoutant qu'il ne pouvait pas confirmer l'enlèvement de ce diplomate iranien. A Téhéran, l'Iran a aussitôt condamné cet enlèvement et ajouté que Téhéran tenait les Etats-Unis pour responsable de la sécurité et de la vie de ce diplomate. Mohammad Ali Hosseini, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a précisé que les ravisseurs avaient enlevé Jalal Sharafi, le second secrétaire de l'ambassade d'Iran. Hosseini a affirmé que ces hommes armés "ont opéré sous le contrôle des forces américaines en Irak", selon l'agence officielle iranienne IRNA. "La République islamique d'Iran condamne fermement cet acte d'agression qui est en violation avec la loi internationale", a souligné Hosseini cité par IRNA. "L'Iran tient les forces américaines en Irak pour responsables de la sécurité et de la vie du diplomate iranien", a ajouté Hosseini. Selon un responsable de l'ambassade d'Iran à Baghdad, ce diplomate s'apprêtait à superviser l'ouverture prévue de la succursale d'une banque iranienne à Karradah quand il a été enlevé par des hommes en uniformes militaires irakiens. Sur un autre registre, le président syrien, Bachar el Assad a déclaré que des négociations régionales avec la Syrie comme "principal protagoniste" pourraient constituer la dernière chance de stabiliser l'Irak et de l'orienter vers une réconciliation nationale. A la question de savoir si les pays voisins de l'Irak avaient suffisamment d'influence pour mettre un terme aux violences en Irak, Assad a répondu dans une interview à la chaîne américaine ABC: "Peu importe quelle est votre puissance économique et quelle armée vous avez, c'est la crédibilité qui compte. Nous avons cette crédibilité-là". Tout dialogue sur le conflit irakien devra se faire avec le soutien des autres pays de la région ainsi que des Etats-Unis, a estimé le dirigeant syrien, dans l'interview réalisée à Damas. "Nous ne sommes pas le seul acteur, mais nous sommes le principal, sur cette question, et notre rôle consistera à soutenir le dialogue entre les différentes parties irakiennes", a expliqué Assad. Certains alliés des Etats-Unis et le groupe américain bipartisan d'étude sur l'Irak ont exhorté le président George Bush à engager des négociations directes avec l'Iran et la Syrie dans le cadre d'une nouvelle stratégie américaine en Irak. Bush n'a pas exclu une conférence régionale pour aider l'Irak, impliquant l'Iran et la Syrie, mais la Maison blanche a laissé entendre que ce serait à l'Irak de la mettre sur pied. Assad dit ne pas s'attendre à ce que les Etats-Unis soient d'accord: "Je pense qu'il est trop tard pour eux pour aller dans cette direction. C'est trop tard, parce que l'Irak s'achemine vers le chaos de la guerre civile".