Le Centre for Global Energy Studies (CGES) a indiqué lundi que le maintien du prix du pétrole au niveau actuel récompense les efforts de lOrganisation des pays producteurs de pétrole (Opep). Le cabinet londonien, spécialisé dans le secteur de lénergie, a estimé dans son rapport mensuel que les perspectives économiques mondiales semblent empirer à chaque nouvelle prévision, et pourtant le prix du pétrole sest stabilisé, du moins pour le moment. Et dajouter que bien que la demande mondiale de pétrole ait chuté rapidement, loffre de lOpep a baissé encore plus vite lors des derniers mois, et lorganisation a retiré du marché lexcédent qui avait émergé au second semestre 2008. Dans ce sens le CGES table sur un recul de la demande mondiale de pétrole de 800 000 barils en 2009 rejoignant ainsi les pronostics des grands organismes : le recul de la consommation mondiale serait cette année de 1 million de barils par jour (mbj), selon lAgence internationale de lEnergie (AIE), de 600.000 barils selon lOpep, et de 1,2 mbj selon le Département américain de lEnergie (DoE). Néanmoins, CGES estime que lOpep aura le plus grand mal à faire remonter les prix du pétrole à 75 dollars. Alors que les réductions de production de lArabie saoudite atteignent leur limite, elle-même fixée par les besoins du Royaume en gaz associé au pétrole (produit accompagnant lextraction de brut et utilisé par le Royaume pour son marché intérieur), dautres membres (du cartel) doivent encore tailler de façon importante dans leur production, précise le rapport. Daprès ses analystes, lOpep a réduit de 2,3 millions de barils par jour (mbj) sa production en janvier, sur un objectif de 4,2 mbj (par rapport au niveau de production de septembre), et elle devrait encore labaisser en février et en mars. Par ailleurs, le cabinet Petro-Logistics a affirmé lundi que lOpep a appliqué en totalité les baisses de production décidées fin 2008, sa production ayant été ramenée à 25,3 millions de barils en février. Selon une première estimation du cabinet rapportée par lagence Dow Jones Newswires, la production des 11 membres soumis aux quotas de lOrganisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) devrait tomber à 25,3 millions de barils par jour (mbj) en février, ce qui représente une baisse de 4,3 mbj par rapport à leur production de septembre. LOpep sétait engagée à trois reprises à tailler dans sa production à la fin de lannée 2008, décidant de la réduire de 4,2 millions de barils par jour au total par rapport au niveau où elle produisait en septembre. Le cabinet Petro-Logistics sappuie sur des données fournies par les ports, en surveillant en particulier les mouvements des superpétroliers, et sur des éléments recueillis officieusement au sein des compagnies pétrolières nationales. Pour ce qui est de la situation du marché, cest le statut quo. Les cours du pétrole stagnaient hier en début déchanges européens, pris en étau entre les craintes persistantes sur la demande dénergie et lespoir que lOpep réussisse à réduire drastiquement son offre pour faire baisser les stocks. Vers 11h00 GMT (12h00 à Paris), le Brent de la mer du Nord pour livraison en avril gagnait 30 cents à Londres par rapport à la clôture de la veille, à 41,27 dollars le baril. A New York, le baril de light sweet crude pour livraison en avril était stable, à 38,44 dollars. Les craintes sur la demande et les inquiétudes économiques restent la dominante sur les marchés de lénergie, ce qui limite les hausses de prix et pourrait bloquer les cours dans des marges étroites pour plusieurs séances, a commenté Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital. Les bourses mondiales, utilisées comme baromètre des perspectives de demande pétrolière, évoluaient dans le rouge mardi. Les places financières asiatiques ont même lourdement dévissé sur fond de craintes pour le secteur financier et de rumeurs de nationalisation de certains géants américains. Frappés par un regain dinquiétudes sur la santé de léconomie américaine, les prix ont lâché 1,59 dollar à New York et 90 cents lundi soir à la clôture, dans le sillage de Wall Street, qui avait terminé à son plus bas niveau de clôture en douze ans. Sur les douze dernières séances, le Brent de Londres a fini dix fois en baisse, a ainsi observé Stephen Schork, un courtier américain auteur de notes spécialisées. Le fait que le dollar persiste à rester fort continue également à limiter les gains du pétrole, ajoutait M. Kryuchenkov. Le dollar est actuellement proche de son niveau le plus élevé depuis trois mois face à la monnaie unique, ce qui érode le pouvoir dachat des investisseurs pour les matières premières vendues en dollar. Dans cet environnement économique morose, une lueur despoir est provenue des nouvelles concernant la production de lOpep, ont toutefois observé les analystes du cabinet viennois JBC Energy. Selon une première estimation du cabinet Petro-Logistics, lOpep ramené sa production à 25,3 millions de barils en février. LOrganisation produirait ainsi 480.000 barils seulement au-dessus de son plafond de production fixé à 24,84 mbj. Si ce chiffre était exact, cela voudrait dire que lOpep a appliqué à presque 90% la série de réductions de production décidées fin 2008 (pour 4,2 mbj en tout), a calculé le cabinet JBC. Ses experts estiment que les baisses de production auxquelles lorganisation sest engagée nont été appliquées quà 65% fin janvier mais que sur lensemble du premier trimestre, lOpep réussira à (les) appliquer à plus de 80%. Cette réduction de loffre est absolument nécessaire pour réduire lénorme accumulation de stocks qui sest formée sur la planète ces derniers mois, ajoutent-ils. Synthèse Dalila T.