Le cabinet londonien Center for Global Energy Studies (CGES) a réitéré, lundi, dans son rapport mensuel, son appel, à l'Organisation des pays importateurs de pétrole (Opep) à augmenter sa production. Selon les analystes de ce cabinet londonien, l'Organisation refuse "d'admettre" qu'elle doit augmenter sa production et compte exagérément sur les producteurs hors-Opep pour répondre à la croissance de la demande. Pour le cabinet, fondé par cheikh Ahmed Zaki Yamani, qui fut ministre du Pétrole de l'Arabie saoudite de 1962 à 1986, l'argument de l'Opep selon lequel le marché est correctement approvisionné, "masque le problème de fond : on ne produit pas assez de brut pour répondre à la demande mondiale et c'est le cas depuis mai 2006". Preuve de cette inadéquation entre l'offre et la demande, le rapport du CGES relève que les stocks mondiaux auraient fondu pendant six trimestres d'affilée, entre le dernier trimestre 2006 et le premier trimestre 2008, a calculé le cabinet. "Le monde réclame plus de pétrole, à un prix qui rende viable le raffinage de pétroles lourds", sans avoir à transformer les raffineries existantes, ont estimé les auteurs du rapport, ajoutant que "l'Arabie saoudite, le seul pays qui pourrait fournir rapidement des volumes supplémentaires importants de pétrole, refuse de consentir des rabais plus importants pour vendre son pétrole lourd, tandis que l'Opep continue à déclarer le monde bien approvisionné en pétrole et refuse d'accepter que la production doit augmenter". L'Opep "prédit une augmentation irréaliste de la production hors-Opep à nouveau cette année et utilise (cette prévision) pour affirmer que sa propre production est adéquate" par rapport à la demande, a souligné le rapport du CGES qui ne s'est, par ailleurs, pas retenu de juger que "l'Opep semble vouloir atteindre la limite supérieure des prix du pétrole, sans prendre en compte son impact sur l'économie mondiale". "La chute récente et violente des prix récemment pourrait suggérer qu'elle a trouvé cette limite à 150 dollars le barils", a-t-il ajouté. En faisant référence à la récente diminution des prix cette semaine, le CGES se garde de préciser qu'elle s'est effectuée alors que l'offre n'a pas bougé. Ce qui accrédite la thèse qui explique l'envolée des prix par des facteurs externes à l'Opep. D'ailleurs, le président de l'Opep, M. Chakib Khelil, a insisté, lundi, sur le fait que tous les indicateurs confirment que "le marché est suffisamment approvisionné avec un stock commercial adéquat". Le président en exercice de l'Organisation a affirmé que les pays de l'Organisation possèdent "des capacités de production excédentaires non utilisées de pétrole en mesure de satisfaire toute hausse de la demande et de pallier une éventuelle insuffisance résultant d'une rupture de l'approvisionnement, telle que les catastrophes naturelles". Pour M. Khelil, l'Opep "définit sa stratégie à moyen et long termes, en témoignent les importants programmes d'investissement initiés par les pays membres, non seulement en matière d'exploitation et de production, mais aussi pour l'augmentation de l'offre de pétrole". Cela démontre que l'Opep "en tant qu'acteur influent dans le domaine de l'industrie, loin de tout monopole, contribue à la stabilisation du marché pétrolier et au développement durable" a-t-il ajouté, précisant que le défi à relever "réside dans l'investissement et non pas dans l'insuffisance des ressources qui sont en mesure de satisfaire les besoins énergétiques de l'humanité tout entière à long terme".