Un médicament contrefait, selon la définition fournie par l'Organisation mondiale de la santé (l'OMS), est "un produit dont la composition et les principes actifs ne répondent pas aux normes scientifiques. Il est par conséquent inefficace et souvent dangereux pour le patient". Au cours de ces dernières années, le trafic de ce genre de produit a pris une ampleur alarmante. En effet, l'industrie pharmaceutique, comme tous les secteurs productifs et rapporteurs de bénéfices, n'a pas échappé au phénomène de la contrefaçon. Ce trafic représente environ 10% du marché mondial du médicament. Il s'agit donc d'un phénomène mondial dont l'impact, en termes, de santé publique est loin d'être négligeable. Car l'utilisation d'un médicament contrefait, qui n'a rien à voir avec un générique (copie d'une spécialité), peut soit entraîner un échec thérapeutique, soit provoquer l'apparition d'une résistance à un traitement, soit dans le pire des cas causer la mort du patient. Face à tous ces dangers, et par prévention, une émission radio a été diffusée, hier, sur les ondes de la Radio nationale. Le débat a regroupé plusieurs personnalités et opérateurs dans le domaine de la production, la commercialisation et le contrôle des produits pharmaceutiques, à savoir Mme Fadhila kadbane, inspectrice divisionnaire au sein des services des douanes, M. Kamel Mansouri, responsable au Laboratoire national du contrôle des produits pharmaceutiques, le docteur Abdessalam Chakou, directeur du Centre de recherche et de développement du groupe Saidal et enfin M. Ben Bahmed, président de l'Ordre des pharmaciens de la wilaya d'Alger. Mme kadbane a affirmé que "la contrefaçon dans ce domaine progresse à une vitesse exponentielle qui atteint ces derniers temps des proportions alarmantes". Cependant, ces dernières années, déclare M. Ben Bahmed, "beaucoup de progrès ont été réalisés dans le contrôle du médicament en Algérie" ajoute-t-il. Par ailleurs, la contrefaçon dans le domaine pharmaceutique, explique le docteur Chakou, prend des formes très diverses, elle peut concerner, "aussi bien des produits de marque dite spécifique que des produits génériques", "mais je dirais que le risque de la contrefaçon en Algérie concerne davantage les produits génériques que les produits spécifique", a-t-il ajouté. En effet, le marché algérien, poursuit le responsable, "dans ses importations qui dépassent le 1 milliard de dollars, la diversification même dans les sources d'approvisionnement en médicaments génériques qui est une politique des autorités publiques, risque, s'il n'y a pas de vigilance dans le contrôle et le suivi, d'introduire la contrefaçon au niveau du circuit commercial national". A cet effet, et vu la tendance à la hausse de ce phénomène, il faut dès à présent tirer la sonnette d'alarme avant que ce type d'agissements n'atteigne, dans notre pays, des proportions inquiétantes, voire ingérables. S'il est classé comme étant un délit pour les autres créneaux de production, cet acte doit être considéré comme un crime dès lors qu'il cible des produits présentant un danger pour la santé des individus, qui risquent de consommer, ainsi, des médicaments de qualité médiocre. Par conséquent, les autorités compétentes et la tutelle doivent être très attentives à tout ce qui se fait sur le marché des médicaments, en apportant un appui aux autorités de réglementation pharmaceutique qui manquent de moyens, en généralisant ce système de code barres, en renforçant la surveillance transnationale des médicaments contrefaits ou ne répondant pas aux normes, et en sensibilisant les patients, le personnel soignant et les pharmaciens. Dans ce contexte, l'Ordre des pharmaciens organisera les 11 et 12 mars, des rencontres internationales de pharmacie où seront débattues les bonnes pratiques professionnelles, d'environnement réglementaire et de responsabilité pharmaceutiques.