Les Etats membres de l'UE ont tourné dimanche la page du débat sur le protectionnisme, préférant désormais insister sur la solidarité à l'endroit des pays d'Europe centrale et orientale.Réunis en sommet extraordinaire à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept sont également parvenus à un accord sur le traitement des actifs toxiques des banques et ont promis de continuer à coordonner leur action contre la crise économique et sur la réforme du système financier international. "Nous n'avons identifié aucun cas de protectionnisme", a ainsi déclaré le Premier ministre tchèque, dont le pays préside actuellement l'Union européenne, lors d'une conférence de presse, trois semaines après s'être ému des mesures prises par la France pour venir en aide à Peugeot et Renault à la condition de ne pas fermer d'usines en France pendant cinq ans. Aucun pays n'en a accusé d'autres d'être protectionnistes, a confirmé la chancelière allemande Angela Merkel, indiquant que la Commission veillerait au bon fonctionnement du marché unique. Nicolas Sarkozy, qui s'est félicité du feu vert donné la veille par Bruxelles aux six milliards d'euros de prêts bonifiés concédés aux deux constructeurs français, a lui aussi voulu "fermer la porte au protectionnisme". "Je n'ai jamais cru au protectionnisme (...) Mais, entre le protectionnisme ou libre-échangisme, il faut peut être garder un équilibre qui fait que de mon point de vue il n'y a pas de liberté sans règles", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse séparée, estimant que le plan français venait en aide à l'ensemble des Vingt-Sept. "Le problème du protectionnisme c'est ce qui se passe chez nos amis américains. L'Europe est la zone la plus ouverte du monde", a-t-il ensuite fait valoir.En revanche, aucun nouveau plan paneuropéen de soutien au secteur n'a été annoncé, comme l'avait laissé entendre le président français à l'approche du sommet."La communication de la Commission européenne n'est pas à la hauteur du contenu du plan (...) Mais sur le fond le plan est bon", a-t-il acquiescé. Le débat sur le protectionnisme dépassé, les regards se sont à nouveau tournés dimanche vers les pays d'Europe centrale et orientale, qui connaissent des problèmes économiques et financiers croissants. Deux idées ont circulé pendant ce sommet : celle d'un certain assouplissement des critères d'accession à l'euro, sur laquelle plusieurs leaders européens ont apporté des réponses nuancées, et celle d'un plan global pour venir en aide à ces pays, rapidement écartée. "Je conçois qu'il peut y avoir une légère interrogation sur la condition qui veut que l'on soit membre du système monétaire 2 pendant deux années, nous allons en discuter sereinement", a déclaré le président de l'Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Interrogé sur ce point, Nicolas Sarkozy a rappelé que l'ensemble des pays de l'UE, mis à part le Royaume-Uni et le Danemark, qui bénéficient d'un opt-out, avaient "vocation" à entrer dans l'euro, et qu'il était nécessaire de respecter les critères actuellement en vigueur. Les Vingt-Sept ont en revanche rejeté tout plan de soutien généralisé aux pays d'Europe de l'Est, comme l'avaient proposé les Hongrois en début de journée."L'UE ne laissera personne dans le fossé (...) mais cette approche a été rejetée, a fait savoir Mirek Topolanek. Plus tôt, des pays comme la Pologne ou l'Allemagne s'étaient dit opposés à cette idée, estimant que ce n'était pas une réponse adéquate face à la diversité des situations économiques et financières de ces pays et qu'il était plus utile de leur venir en aide au cas par cas. R.I