En visite cette semaine à Madrid, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, a saisi l'occasion pour réaffirmer les positions de l'Algérie par rapport à un certain nombre de dossiers conflictuels ponctuant les relations énergétiques entre l'Algérie et l'Espagne et d'avancer sur une solution dans l'intérêt des deux parties. Il est vrai que certains aspects pouvant être assimilés à des formes de protectionnisme de la part de la partie espagnole, à l'image des difficultés rencontrées par Sonarach sur le marché espagnol et le conflit opposant celle-ci à la compagnie espagnole Gas Natural ont été vivement soulevés par le ministre. Au cours de son séjour, M. Khelil a eu à rencontrer le ministre espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, M. Sebastian, en charge également des questions énergétiques. Les discussions entre les deux responsables ont notamment porté sur l'examen de plusieurs questions pendantes entre les deux parties, dont celle concernant les renégociations du prix de gaz entre Sonatrach et Gas Natural. Dans ce sens, le ministre de l'Energie et des Mines a indiqué, à l'issue de ses entretiens avec son homologue espagnol, que les deux parties “ont relevé l'effort déployé durant ces deux dernières années” pour parvenir à une solution entre Sonatrach et Gas Narural. A ce propos, M.Khelil a indiqué qu'il avait ébauché avec son homologue espagnol “les principes d'un accord, c'est-à-dire que nous sommes d'avis qu'on est très près d'un accord sur l'ajustement des prix en plusieurs phases et ce, sur la base des accords convenus avec le représentant de l'Etat espagnol, M. Bernardino Leon”, qui avait effectué plusieurs visites à Alger pour discuter de ces questions. “Sur la base de ce dernier accord, on peut demander à Sonatrach et Gas Natural d'arriver peut-être rapidement à un accord sur les prix”, a-t-il ajouté. Il est utile de noter à ce propos que le conflit ayant opposé Sonatrach à Gas Natural fait suite à la volonté de Sonatrach de réaligner les prix du gaz qu'elle vend à l'opérateur espagnol sur les prix du marché international. En fait, la compagnie nationale des hydrocarbures ambitionnait de réévaluer le prix de son gaz à hauteur de 20 %. Néanmoins, sa requête a fait face à une fin de non-recevoir de la part des Espagnols. Le conflit allant en s'envenimant entre les deux parties, le seul recours possible a été de s'adresser à l'arbitrage international, sans toutefois fermer la porte à un accord à l'amiable. Il semble donc, aujourd'hui, que les deux parties sont en bonne voie pour parvenir à un accord. Néanmoins, le conflit opposant Sonatrach à Gas Natural comprend un autre aspect beaucoup plus difficile à solutionner. Il s'agit de la flexibilité du contrat de vente et d'achat de gaz entre ces deux entreprises. A ce propos,M. Khelil a indiqué que celui-ci a deux aspects : “l'un lié à la compensation pour des volumes que nous considérons comme ayant été pris en dehors des volumes contractuels et pour lequel nous pensons que Sonatrach devrait être compensée, et l'autre au problème d'interprétation contractuelle de ce principe de flexibilité”. Pour l'aspect de compensation, les deux parties estiment que les deux entreprises “pourraient parvenir à un accord, mais on ne peut pas éviter le recours à un arbitrage sur la question d'interprétation de la clause de flexibilité des contrats”, a ajouté M. Khelil, en rappelant que ces entreprises “ne sont pas d'accord sur ce principe et on ne peut pas négocier”. Dans ce sens, il a rappelé que l'arbitrage “est en cours et devra rendre son verdict cet été”, en précisant qu'il concerne tous les aspects y compris la question des prix. Et d'ajouter que “si l'on veut trouver un accord à l'amiable sur l'aspect des prix ou celui de la compensation, on peut ne laisser à l'arbitrage que la question de l'interprétation de la clause de flexibilité et de celle dite de bouleversement”. M. Khelil a également saisi l'occasion de sa visite en Espagne pour poser la problématique des difficultés que rencontre Sonatrach sur le marché espagnol. Il a ainsi mis en avant le fait que “Sonatrach rencontre beaucoup de difficultés, notamment de type bureaucratique et de taxations, contrairement à toutes les sociétés espagnoles qui détiennent en Algérie des parts majoritaires, qu'il s'agisse dans le dessalement d'eau de mer ou dans la centrale hybride solaire-gaz, ou encore Repsol qui détient la majorité dans ses contrats par rapport à Sonatrach”. Il a, à ce propos, demandé aux autorités espagnoles de faire preuve de réciprocité en traitant «le partenaire Sonatrach de la même manière que nous traitons les sociétés espagnoles en Algérie». Le ministre de l'Energie et des Mines a également insisté sur les engagements de l'Algérie en matière d'approvisionnement en gaz affirmant que “Sonatrach a toujours assuré la sécurité d'approvisionnement de tous les marchés même durant les périodes les plus difficiles”, ajoutant que l'Etat espagnol “n'a pas à avoir de craintes la dessus”. Il a expliqué à ce propos que “tous les contrats d'approvisionnement ont été signés en majorité avec des compagnies espagnoles sur le long terme, et une fois que le gaz quitte Béni Saf, il devient espagnol”. Notons que les discussions entre MM. Khelil et Sebastian ont également porté sur le projet Medgaz ainsi que la participation de cette entreprise espagnole dans ce projet qui devra relier Béni Saf à Almeria. Ce gazoduc, dont la mise en service est prévue durant le premier semestre de 2009, livrera à l'Espagne environ 8 milliards de m3 de gaz par an et devrait augmenter les exportations gazières algériennes. En effet, avec les 8 milliards de m3, qui seront acheminés d'ici fin 2009 par le gazoduc Medgaz, et les 7,7 milliards de m3 qui représentent l'augmentation de capacités des gazoducs déjà existants entre l'Algérie et l'Europe, ne sont pas moins de 15 milliards de m3 qui viendront s'ajouter aux capacités exportées actuellement par le pays. L'Algérie ambitionne de porter ses exportations de gaz à 85 milliards de m3 en 2011 contre 63 milliards actuellement. Isma B.