Le Fonds monétaire international a pris les devants, à moins d'un mois d'un sommet du G20, en appelant vendredi les Etats à examiner de nouvelles mesures de relance pour 2010. "Etant donné la faiblesse prévue de l'économie mondiale ces deux prochaines années, la possibilité d'apporter une relance budgétaire qui aille au-delà des mesures déjà annoncées doit être examinée", a affirmé le FMI dans un rapport intitulé "Les arguments en faveur d'une relance mondiale". Depuis octobre, le FMI ne cesse de plaider pour la mise à contribution des finances publiques afin de contrer une récession qui paraît de plus en plus étendue. "Il est essentiel à notre avis que le secteur public joue son rôle, adapté pour empêcher un effondrement de la confiance du secteur privé qui pourrait mener vers un cercle vicieux", a expliqué le Fonds. Or "les autorités budgétaires ont agi à un niveau mondial, mais jusque-là les plans de relance, en dehors des Etats-Unis, ont largement concentré les dépenses en 2009, avec beaucoup moins à venir en 2010", a relevé le FMI. Les Etats-Unis ont lancé en février un plan de relance doté de 787 milliards de dollars, dont près de la moitié des dépenses sont affectées sur l'exercice budgétaire 2010. Le rapport du FMI est publié moins d'un mois avant le sommet des pays riches et émergents du G20, qui s'ouvrira à Londres le 2 avril. "Vu la probabilité que la faiblesse de l'économie se poursuive en 2010, il faut être moins inquiet de voir les dépenses mises en oeuvre seulement quand l'économie aura commencé à se reprendre", a insisté le Fonds. En janvier, ses prévisions économiques faisaient état d'une croissance mondiale de seulement 0,5% cette année et 3,0% en 2010, le produit intérieur brut des pays développés devant se contracter de 1,7% cette année, avant de reprendre 1,1% en 2010. Mais le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a affirmé mardi que ces prévisions étaient "déjà dépassées" et qu'elles seraient revues à la baisse en avril. "La première considération [que doivent avoir les Etats], c'est l'état de leur économie, et leurs perspectives de croissance. Plus l'économie est faible, plus les pays vont devoir agir pour la soutenir et la renforcer", a souligné lors d'une conférence de presse vendredi le directeur des affaires budgétaires au FMI, Carlo Cottarelli. M. Cottarelli, interrogé sur ceux auxquels s'adresse en priorité cette recommandation, s'est refusé à "tout commentaire sur des pays en particulier". Jeudi, les marchés financiers mondiaux ont été déçus par l'absence de nouvelles mesures de relance en Chine, alors qu'ils spéculaient sur une telle annonce par le Premier ministre Wen Jiabao. Et en Europe, l'opportunité de plans de relance ne fait pas l'unanimité. Pour le FMI, "il est important que la politique budgétaire prenne une part croissante de la charge financière lors de la période où le secteur financier est en rétablissement et n'est pas encore en mesure ou désireux d'accroître le crédit aux ménages et aux entreprises dans la même proportion que d'habitude". Le Fonds rappelle cependant que tous les pays n'ont pas les mêmes possibilités. "Les pays moins endettés, et en particulier ceux qui payent un taux d'intérêt faible sur leur dette, ont relativement plus de place pour étendre leur politique budgétaire", a souligné M. Cottarelli.