Les experts de divers pays ont préconisé, jeudi à Alger, lors du colloque maghrébin sur le financement des PME, de nouveaux mécanismes de financement ou le renouvellement de ceux existants, dans le but de rendre les crédits plus accessibles aux investisseurs. Selon eux, un crédit doit être octroyé sur la base du sérieux d'une entreprise, de la rentabilité d'un projet et de la demande du marché, alors qu'actuellement les banques au niveau du Maghreb, en général, demandent des garanties de remboursement. "Au Maghreb les banques ne prennent pas suffisamment de risques et s'entourent d'un tas d'assurances avant d'octroyer un crédit", a dit, dans ce contexte, le directeur du cabinet d'études "Exton Consulting", Rachid Keddar. L'obtention de crédit à long terme est, en effet, le problème numéro un des investisseurs au Maghreb qui vient en tête des préoccupations des hommes d'affaires, de l'avis des spécialistes de la question qui placent la recherche d'un "bon partenaire technique" au second plan. En revanche, les investisseurs voient d'un mauvais oeil un partenaire actionnaire dans la gestion des affaires qui, contrairement au partenaire technique, possède des actions dans le chiffre d'affaires et peut ainsi prendre les décisions de gestion. Dans leur relation avec les banques, les entrepreneurs regrettent avant tout le "mur" qui sépare les preneurs de décisions et les bénéficiaires de crédits, d'ou un processus long et contraignant pouvant mener vers le découragement de potentiels investisseurs. Pour le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui participait à ce colloque, les banques doivent être perçues ''comme des bailleurs de fonds et des partenaires assurant une responsabilité économique de première importance dans l'économie nationale". Selon lui, l'engagement de l'Etat envers les PME va être encore développé dans les prochaines années a travers de nouveaux mécanismes, d'autant que les banques algériennes consacrent actuellement plus de 90% de leur portefeuille d'engagements (plus de 2 500 milliards de DA) au financement des entreprises toutes catégories confondues. Les concours financiers accordés par les banques au secteur de la PME ont permis, toute de même, la création de plus de 120 000 PME et plus de 300 000 emplois au cours de ces cinq dernières années. Par ailleurs, il ressort des différentes interventions des experts que les hommes d'affaires font confiance en général aux banques qui les ont soutenus dans les moments difficiles. Ils traitent avec ces banques même si une banque de renommée se trouve a proximité de leur entreprise, si cette dernière a refusé de les aider à un moment délicat de leur vie professionnelle. Plus de 130 banquiers et experts, dont une quarantaine venant des pays du Maghreb et d'Europe, se sont regroupés durant deux jours à Alger dans le cadre de ce colloque organisé par l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef) conjointement avec l'Union des banques maghrébines (UBM). Adnane Cherih.