Lorsque les pays développés et les pays non développés se proposent d'entrer ensemble dans une zone de libre-échange, la question se pose réellement de savoir dans quel sens vont circuler les marchandises et dans quel sens vont circuler les capitaux, tandis que le travail est interdit de circulation, du moins d'un sens vers l'autre. Le combat est inégal, les vainqueurs et les vaincus sont connus d'avance. Il n'y a même pas de suspense en la matière. Les pays développés n'évoquent pas ce genre de différences pour leur trouver des compensations. L'impression générale qui domine est que les pays performants recommandent aux autres, à nous autres, de suivre leur modèle de gestion, d'appliquer les mêmes critères de conduite de l'économie comme si, par miracle, toutes les différences vont s'estomper d'elles-mêmes. Pour ce qui concerne l'Algérie, quand bien même il est fait le constat selon lequel nous n'allons pas de sitôt bénéficier de l'entrée dans l'économie de marché, que le développement dorénavant allait être attendu de nos entreprises publiques plus particulièrement et du secteur privé accessoirement, que celui-ci allait être financé par la dépense publique dans un contexte où les cours du pétrole ont atteint un seuil alarmant, il n'en demeure pas moins que ne s'annonce pas une volonté de se retirer du modèle libéraliste de l'économie, du fait même que ne se présente pas une alternative à ce dernier. Et pourtant, partout dans le monde, plus particulièrement dans les pays riches, le sauvetage des banques privées par l'argent public , aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, s'apparente à une prise de capital et même à une nationalisation de celles-ci puisque dorénavant les Etats seront plus impliqués dans ces banques. Pour ce qui nous concerne, les mesures que commande l'entrée dans l'économie de marché ont toutes pratiquement été mises en œuvre et malgré que les dividendes n'en soient pas apparents, certainement que cela ne remettra pas en cause les orientations politico-économiques prises, à savoir que nous demeurons toujours avec la volonté de nous inscrire dans la cadre de la mondialisation, une mondialisation qui nous a été imposée.. Le démantèlement tarifaire avait commencé suite à la mise en application de l'accord d'association avec l'Union européenne sans que des dispositions ne soient prises pour compenser le déficit fiscal enregistré aux frontières. Les compensations auraient pu découler, par exemple, de l'achèvement avec succès de la démarche de mise à niveau de nos entreprises afin de permettre à ces dernières d'exporter et de faire rentrer donc des recettes en devises. Se trouverait-il qu'il y avait eu alors excès de précipitation pour mettre en œuvre l'accord avant cette échéance d'achèvement de mise à niveau ? Entre les pays en développement et les pays déjà développés, les différences s'exprimeraient par le fait que la technologie est disponible, est maîtrisée d'un côté, et par le niveau très faible de modernité industrielle d'un autre côté. Or, pour ce qui concerne la mise à niveau, celle-ci est graduelle, ne peut pas être instantanée, et devrait impérativement produire tous les effets qui peuvent en être attendus avant l'entrée de notre pays dans l'OMC, ce qui parait bien impossible à réaliser, avec donc le risque, à peu près certain, d'un effondrement de notre industrie, quand bien même il y a une nouvelle stratégie industrielle qui ne pourra pas produire ce qui est attendu d'elle avant bien longtemps, encore faudrait-il que celle-ci soit soutenue par l'ensemble des membres du gouvernement et encore faudrait-il un vrai pacte social pour une stabilité sur le front social, et un pacte de croissance. N.B