La Banque du Japon va accroître de près d'un tiers ses achats d'emprunts d'Etat cette année en complément de l'augmentation des dépenses prévues par le gouvernement pour soutenir une économie frappée par la récession la plus dure depuis la Seconde Guerre mondiale. La Banque mondiale a par ailleurs abaissé sa prévision de croissance économique pour la Chine en 2009 et estimé qu'elle risquait de remettre en cause ses propres objectifs à moyen terme si elle tentait de compenser ce ralentissement en stimulant à nouveau l'investissement. Alors que les mises en chantier ont enregistré un rebond inattendu aux Etats-Unis et que le sentiment des investisseurs allemands s'est redressé, les économies asiatiques ne montrent pas de signe d'amélioration. La production d'acier au Japon a ainsi chuté de 44% en février par rapport au même mois de l'année dernière, une baisse record qui la place à son plus bas niveau depuis 1968. Cette baisse est essentiellement due au fort ralentissement de l'activité des constructeurs automobiles, clients essentiels des sidérurgistes. En Corée du Sud, les pertes d'emplois se sont accélérées au mois de février. Le taux de chômage est ressorti à 3,5% une fois corrigé des variations saisonnières contre 3,3% en janvier. Il s'agit du taux le plus élevé depuis mars 2006. A l'issue de ses deux jours de réunion, la BoJ a maintenu mercredi son taux d'intervention à 0,10%, comme on s'y attendait. La Réserve fédérale américaine devrait également observer le statu quo à l'issue de sa réunion. La banque centrale nippone a toutefois surpris les marchés an augmentant de 29% à 219 milliards de dollars ses achats annuels d'obligations pour "lisser les opérations de marché". Les analystes attendaient non seulement une augmentation moins importante mais ils pensaient également que la BoJ feraient cette annonce plus tard. Les emprunts d'Etat et l'indice Nikkei ont progressé après l'annonce de la décision de la BoJ, qui devrait aider le gouvernement du Premier ministre Taro Aso à financer un nouveau plan de relance, en soutenant la demande d'emprunts d'Etat. "Le gouvernement envisage de grosses dépenses pour stimuler l'économie. On peut interpréter la décision de la BoJ comme une monétisation de fait de la dette publique mais la banque centrale ne l'avouera jamais car elle est indépendante de l'Etat", commente Junko Nishioka, chef économiste de RBS. La BoJ avait fait savoir mardi qu'elle proposerait aux banques jusqu'à 10,2 milliards de dollars de prêts subordonnés, mesure qui laisse les analystes sceptiques car, selon eux, elle ne pourra guère aider les banques à reconstituer des fonds propres dégradés par les pertes encourues sur leurs lourdes participations industrielles. La plupart des pays s'efforcent tant bien que mal de renforcer le capital des banques et de limiter l'impact des actifs toxiques, tout en mettant en oeuvre des plans de relance massifs. De nombreux investisseurs ont les yeux rivés sur la Chine qu'ils considèrent comme la mieux placée pour sortir au plus vite de la crise. Dans son dernier rapport trimestriel, la Banque mondiale a toutefois revu à la baisse ses prévisions pour la Chine. Elle prévoit à présent une croissance de 6,5% cette année contre 7,5% projetés en novembre. Elle ajoute que cette nouvelle prévision est assortie de risques à la hausse et à la baisse. La crise risque de se faire sentir non seulement cette année mais la prochaine, sous la forme d'une baisse des exportations et de l'investissement privé, mais les fondamentaux de la Chine sont cependant assez solides pour que les autorités puissent se payer le luxe de se projeter au-delà de 2009, fait valoir la Banque mondiale. Le gouvernement du Premier ministre Wen Jiabao entend faire l'impossible pour atteindre l'objectif officiel d'une croissance de 8% cette année, en débloquant des dépenses publiques si nécessaire. Mais la Banque juge que Pékin devrait faire preuve de mesure, au cas où la croissance serait encore plus faible en 2010.