Voilà une mauvaise nouvelle pour les pays importateurs de céréales comme l'Algérie. Ils risquent de voir leurs factures alimentaires s'alourdir davantage. Le blé, le soja, le maïs, toutes les productions des grandes cultures se sont envolées à Chicago. A la mi-mars 2009, lorsque la Réserve fédérale, la banque centrale des Etats-Unis, a dévoilé son plan d'intervention, les prix ont pris l'ascenseur. Cette annonce surprise a fait plonger le billet vert. Toutes les matières premières cotées en dollars, dont les produits agricoles, se sont emballées pour compenser cette chute de la monnaie américaine.. Les cours du blé et du soja ont fait un bond de 8%, des gains confirmés, le 20 mars 2009, malgré le redressement du dollar. Si les cours sont restés fermes, c'est parce qu'ils étaient aspirés vers le haut depuis plusieurs jours déjà en raison des inquiétudes sur l'offre. La météo d'abord a retrouvé son rôle d'aiguillon. La sécheresse risque de nuire à la production de blé dans le sud des Etats-Unis. Le pays étant le premier producteur et exportateur mondial de grains, toute variation de sa production a toujours des conséquences sur l'évolution des prix. Deuxième facteur de soutien : les interrogations sur le futur paysage agricole américain. Les fermiers vont-ils privilégier le blé ou le soja ? Cette question agitera les marchés au moins jusqu'à la fin du mois de mars 2009, lorsque le Département à l'Agriculture publiera ses premières estimations sur les intentions de semis. Dans ce climat surchauffé, le soja a trouvé un soutien supplémentaire avec la grève des ventes lancées par les producteurs argentins, leur pays est le troisième exportateur de graines de soja et le premier pour l'huile et les tourteaux. La présidente Kirchner refuse toujours d'alléger la taxe de 30% imposée à l'exportation. Vu la crise mondiale et les difficultés de paiement auxquelles Buenos Aires doit faire face pour rembourser ses dettes, pas question de se priver d'une source appréciable de revenus. L'oléagineux est le principal pourvoyeur de devises et de rentrées fiscales pour l'Argentine. Malgré cette lourde imposition et la chute des cours, le soja reste la culture préférée des agriculteurs argentins, sa production croît aux détriments du blé et de l'élevage. Par ailleurs, aux Etats-Unis, avec la dégringolade du pétrole et le ralentissement de la production d'éthanol, tous les experts ont parié sur une baisse des surfaces cultivées en maïs, la céréale qui sert à fabriquer l'éthanol américain. Au profit du soja. L'oléagineux, qui est meilleur marché à produire, se révèlerait en 2009 d'un meilleur rapport. Or, les prévisions publiées le 31 mars 2009 par le département américain à l'Agriculture dessinent un tout autre paysage. Finalement, les surfaces emblavées en blé et en maïs diminuent, comme prévu, en revanche celles consacrées au soja restent stables. Ce qui laisse pas mal de terres en jachère. Un scénario pas très plausible en Europe, mais crédible aux Etats-Unis où les fermiers ajustent chaque année leur production en fonction des cours et des coûts des différentes grandes cultures. Ces estimations sur les intentions de semis sont prises au sérieux car elles sont basées sur une enquête réalisée auprès de plus de 80 000 agriculteurs. Dalila B.