Les craintes sur la demande mondiale de pétrole persistent. Ainsi, après l'Opep et l'AIE, c'est au tour du président du conseil d'administration de Total Thierry Desmarest, de faire part de ses inquiétudes à propos de la demande. Celui-ci a, en effet, estimé, hier, que "la baisse de la demande de pétrole pourrait approcher les 3% sur la période 2008-2009". Ce qui n'est pas pour rassurer les marchés. Rappelons dans ce sens que dans son rapport mensuel, l'Opep estime que la demande mondiale en pétrole brut, au premier semestre 2009, avoisine 85,6 millions de barils par jour, soit une baisse de 0,4 % ou 0,35 millions de barils par jour par rapport à l'année dernière. De son côté, l'AIE a drastiquement abaissé, de 1 million de barils par jour (mbj), son pronostic de demande mondiale cette année et table désormais sur un recul de la demande pétrolière mondiale de 2,8% (2,4 mbj) en 2009, à 83,4 mbj. Il ne reste plus qu'à espérer une reprise des marchés du côté de l'Opep afin de voir la demande rebondir. Dans ce contexte, le ministre de l'Energie des Emirats arabes unis, Mohammad al-Hameli, a estimé hier, qu'un baril à 50 dollars soutient l'économie mondiale en crise. "Les récentes décisions de l'Opep ont entraîné la stabilisation des prix au niveau de 50 dollars le baril, un prix qui apporte le soutien nécessaire à l'économie mondiale et permet également d'investir" dans l'industrie pétrolière, a déclaré M. Hameli en ouvrant un congrès à Dubaï sur le pétrole et le gaz au Moyen-Orient. Cité par l'agence officielle Wam, il a estimé que des investissements sont nécessaires pour "éviter une nouvelle flambée des prix" du pétrole. Pour ce qui est de l'évolution des cours du brut, celle-ci n'incite pas à l'optimisme. En effet, les cours du baril perdaient deux dollars hier matin, affectés par la vigueur du billet vert face à l'euro et par le pessimisme entourant la demande pétrolière dans les prochains mois. L'euro est repassé lundi matin sous 1,30 dollar, son plus bas niveau face au dollar depuis un mois, affaibli par des spéculations grandissantes selon lesquelles la BCE pourrait réduire son taux d'intérêt le mois prochain. Le renforcement du billet vert face aux autres devises diminue l'attrait de l'or noir, vendu dans cette devise, pour les investisseurs. Et du côté de l'offre et la demande, rien n'invite vraiment à l'optimisme: le marché absorbe encore la révision des perspectives de demande opérée la semaine dernière aussi bien par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) que par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). "L'AIE a la réputation d'être plus lente que les autres à adapter ses prévisions aux changements économiques attendus. Mais elle pourrait cette fois être trop pessimiste dans ses prévisions de demande pétrolière, en particulier au quatrième trimestre 2009", objecte, toutefois ,Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank. Autre élément soulignant la faiblesse de la demande chez le premier consommateur mondial, le rapport du département à l'Energie avait montré, la semaine dernière, que les stocks de brut avaient encore largement progressé, de 5,6 millions de barils, au cours de la semaine écoulée. Synthèse Samira G.