Le Dr Abderrahmane Mebtoul, expert international et professeur d'université en sciences économiques, est revenu, dans une contribution parvenue à notre rédaction, sur le dernier rapport du FMI portant sur le taux de croissance en Algérie. Ce même rapport, rappelons-le, révise à la baisse la croissance de l'économie mondiale, qui ne devrait retrouver son niveau antérieur à la crise que dans trois à quatre années. Pour le Dr Mebtoul, cette situation de fait est liée à plusieurs raisons, à savoir la croissance de la population active, c'est-à-dire que le flux annuel de demandes d'emploi implique un taux de croissance, selon l'avis unanime des organismes internationaux, entre 7 et 8% sur plusieurs années cumulées. De plus, le taux de croissance de 2,1% en 2009 et 3% en 2010, selon le FMI, est extrêmement faible comparé à la dépense publique qui sera clôturé, selon ses informations, entre 2004/2009 à plus de 200 milliards de dollars avec des surcoûts estimés à environ 20%, "ce qui est énorme", selon lui. Il note, dans ce contexte, que ces dépenses ont été rendues possibles essentiellement grâce aux recettes exceptionnelles des hydrocarbures entre 2007/2008 dont le cours moyen pour 2007 a été de 75/77 dollars et 100/110 dollars pour 2008. Qu'en sera-t-il si les cours stagnent à 50/55 dollars ou encore moins, entre 40/45 dollars, sachant que les réserves de change de 140 milliards de dollars ne sont pas inépuisables, l'Algérie fonctionnant sur un cours de 75 dollars, cela rendrait non rentables certains projets gaziers et pétrochimiques hautement capitalistiques. Ce même expert, estime qu'il existe des lois économiques universelles applicables à tous les pays : le taux d'emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Il s'ensuit qu'avec un taux de croissance de moins de 3% en 2008, de 2,1% en 2009 et de 3% en 2010, ces taux se rapprochent du taux de croissance de la population active. Ainsi, d'après M. Mebtoul, si l'Algérie avec ce taux de croissance, évitera les licenciements massifs comme cela se passe à travers le monde, tout donc dépendra de l'injection de la dépense publique, il y aura impossibilité de création d'emplois à valeur ajoutée additionnelle. Aussi, la période 2008/2014 sera une période de gestion de la crise, dont la faiblesse du taux de croissance, malgré des dépenses monétaires sans précédent, n'est que le reflet d'un blocage systémique. Mais cette crise peut être une occasion d'encourager un consensus national en faveur de réformes, dont l'Algérie a cruellement besoin, si l'on veut éviter à terme une dérive sociale et politique liant instauration de l'économie de marché concurrentielle loin de tout monopole qu'il soit public ou privé. Réda Walid