Après Fadhma N'soumeur, un vaudeville qui raconte la lutte de la Jeanne Darc Kabyle, (Fadhma N'soumeur) contre le colonisateur français, " le fleuve détourné " de Rachid Mimouni, voilà que Omar Fetmouche, directeur du Théâtre régional de Béjaïa, se lance dans l'adaptation théâtrale de " Les Vigiles " dernier roman de Tahar Djaout, le premier intellectuel qui a ouvert en 1993, la liste macabre des assassinats des âmes savantes. Remarque : Omar Fetmouche reprend les textes des auteurs qui ont trépassé. Qu'à cela ne tienne, c'est en tout cas la première fois que l'on s'attaque à donner vie au texte d'un révolté, d'un iconoclaste qui n'a jamais ménagé les pouvoirs qu'ils soient religieux, institutionnels ou autre. Selon Omar Fetmouche cette pièce dont laquelle seront distribués un panel de comédiens de son espace théâtral de Béjaïa dont Farid Cherchari, Kamel Chamek, Belkacem Kaouane, Rachid Maameria, Djohra Dereghala, Ahcène Azezni, Monnia Aït Meddour, Nassima Kedjtoul et Nassim Mohdeb, cette œuvre sera le 19 mai prochain à la maison de la culture Taos Amrouche de la capitale des Hammadites, avant d'etre programmée au TNA en juillet prochain à l'occasion du Panaf. Omar Fetmouche s'attaquera selon ses dires avec l'aide de Djamel Abdelli à un autre chantier, " Le Foen " de Mouloud Mammeri. Concernant " Les vigiles ", c'est à Omar Fetmouche qu'est revenue la signature de l'adaptation scénique et de la mise en scène. Il était assisté de Farid Cherchari et Ahcène Azezni, Hamid Aouamer, consultant artistique à Marseille et conseiller littéraire. Quand à la scénographie, elle est paraphée Abderrahmane Zaâboubi assisté par Lamia Bachir et la musique de Bazou (Abdelaziz Yousfi)." Nous avons choisi, à Béjaïa, Tahar Djaout avant qu'il ne nous soit proposé. D'ailleurs, la majorité des Théâtres régionaux d'Algérie travaillent sur des adaptations. " a-t-il soutenu. L'ampleur, l'envergure et la difficulté particulières de pareille entreprise, qualifiée d' " aventure " par son metteur en scène ont constitué ce défi (et pas des moindres) fort heureusement relevé avec brio par des hommes et des femmes de talent et d'une compétence incontestable, chacun dans sa sphère de prédilection. Alors que la langue d'expression de cette adaptation, est l'arabe dialectal, le virtuose, éminent musicien et arrangeur-compositeur, auteur, aussi, de comédies musicales, Abdelaziz Yousfi dit (le grand) Bazou, s'est vu confier la tâche non moins ardue d'élaborer toute la " charpente " musicale des "Vigiles ". Djamel Allam interprétera une chanson écrite par… Omar Fetmouche sur une musique de Bazou. " …Une chanson qui prêche l'espoir, l'optimisme, exhorte les jeunes à rester dans leur pays, à l'aimer, à lutter et réussir ! ", nous confie ce dernier. " Je pense que les livres de Boudjedra et de Mimouni [Fis de la haine et de la barbarie en général et de l'intégrisme en particulier] sont tout à fait les bienvenus (sic), quelle qu'en soit la teneur. Ce sont deux actes militants courageux. (…) Ce qui me paraît par contre, un peu injuste, c'est de faire de ces écrivains, parce qu'ils sont très médiatisés, les initiateurs de ce genre (sic) de combat, alors que des citoyens (journalistes, universitaires, artistes, hommes de la rue…) ont mené, dès l'apparition de l'intégrisme, une lutte au prix de leur vie " En parlant, dans Les Vigiles, de " débat esthético-politique ", l'écrivain francophone algérien met en relief son souci de l'intransitivité de son écriture ; intransitivité indéniablement assurée. Il est aussi important de remarquer l'engagement de Djaout à proposer un monde où les relations entre hommes soient d'ordre horizontal et non vertical, abolissant ainsi toute conversation fondée sur la domination. Autre thème de recherche, les rencontres " bizarres " entre les sèmes auxquels Djaout fait des rencontres inhabituelles. Enfin il ne serait pas vain de dégager les indices autobiographiques pour constater leur poids dans le travail effectué par l'auteur sur l'Histoire collective. Yasmine Ben