Face au mouvement erratique des cours du pétrole sur les principaux marchés engendré par une baisse significative sur la demande pétrolière générée par une récession mondiale couvrant tous les pays et tous les secteurs, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) s'achemine, une nouvelle fois, vers une autre coupe de la production, à l'issue de son prochain sommet prévu à Vienne le 28 mai 2009.C'est du moins ce qu'ont laissé entendre le secrétaire général de l'Organisation, Abdellah El-Badri et le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Alger. En effet, cette déduction ne manque pas d'appui. Tout porte à croire que l'Opep pourrait fort bien opter pour une nouvelle coupe dans la production. Outre la grave conjoncture économique primée par une récession frappant de plein fouet l'économie mondiale, M. Abdellah El-Badri, a estimé que "le prix de 50 dollars le baril n'est pas suffisant pour couvrir les frais des investissements futurs. Le prix qui permet des recettes raisonnables et acceptables est de plus de 70 dollars le baril". Les deux conférenciers ont, par ailleurs, qualifié la réunion d'Oran d'historique. Selon eux, la réduction décidée lors de cette réunion a évité que le prix du baril ne dégringole à moins de 30 dollars. Autrement dit, la coupe de production a été grandement bénéfique. Autre facteur qui peut être pris en considération en vue d'une autre réduction, le FMI prévoit une baisse du PIB mondial en 2009. L'institution de Bretton Woords prévoit en effet une baisse de la croissance de l'économie mondiale à -1,3 % en 2009, la pire performance de l'après-guerre. Chose qui se traduira par une baisse des investissements et, par ricochet, une baisse de la consommation en énergie. Le chômage, par ailleurs, a atteint des pics extraordinaires un peu partout dans le monde. Tout cela joue à contre-courant avec les carnets de commande concernant la consommation pétrolière. Dans le même contexte, la baisse de la demande de pétrole, estimée à 2,4 millions de barils/jour par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), est jugée exagérée par le secrétaire général de l'Opep. "Pour nous, cette baisse ne dépassera pas les 1,3 millions de barils/jour". Le 15 avril 2009, l'Opep avait abaissé à nouveau sa prévision de demande de pétrole brut pour 2009, en raison du recul de la consommation provoqué par la récession mondiale. Selon El Badri, la baisse décidée par les pays membres de l'Opep, lors du sommet d'Oran en décembre 2008, est respectée à 83 %. 722.000 barils doivent être encore retirés pour que cette baisse atteigne le niveau de 95 %, probablement avant le prochain sommet de Vienne. La crise financière internationale, selon Abdellah El Badri, n'a pas empêché les pays de l'Opep de poursuivre les 160 projets engagés. "Reste que 35 parmi ces projets qui sont reportés pour 2013. Ils sont reportés pas annulés", a-t-il précisé. Il faut dire que si El Badri a démontré un peu d'optimisme, M. Chakib Khelil, quant à lui, est resté très prudent. Le premier a indiqué qu'il y a des signes de relance positifs de l'économie mondiale qu'il faut prendre en considération dans la prise de n'importe quelle décision à l'avenir. Cependant, le ministre de l'Energie et des Mines n'a pas hésité à dire que les signaux d'une possible reprise économique restent très faibles. " L'Opep, à l'issue de la réunion du 28 mai prochain, doit prendre en considération et avant tout, la décroissance mondiale, l'évolution de l'offre et de la demande ainsi que les niveaux des stocks qui sont très élevés en ce moment. S'il y aurait une coupe de production, elle doit être avant tout nécessaire ", a insisté le ministre. Toutefois, le ministre, et en s'appuyant sur l'analyse actuelle du marché, dira que les cours du baril vont probablement atteindre les 60 dollars le baril à la fin 2009. Le ministre a, par ailleurs, souligné que l'Opep était "la seule" à fournir l'effort nécessaire en vue de rétablir la stabilité du marché pétrolier. "Jusqu'à maintenant, l'Opep a été la seule à faire un effort exceptionnel pour stabiliser le marché. Ni les consommateurs, ni les pays hors OPEP n'ont aidé à cet effort", a-t-il affirmé sur ce point. Hamid M.