“Cette commission présente, chaque semaine, des évaluations de la situation des marchés internationaux et celle de l'économie nationale.” Le ministère des Finances a installé une commission d'experts chargée de suivre l'évolution et les effets de la crise financière dans le monde. C'est du moins ce qu'a annoncé, mardi dernier, le grand argentier du pays M. Karim Djoudi en marge de l'examen de la loi de finances 2009 par le Conseil de la nation. “Nous avons installé, il y a un mois, une commission chargée d'observer ce qui ce passe sur les marchés internationaux, de faire des appréciations, et éventuellement de formuler des propositions”, a précisé le ministre des Finances. “Cette commission présente, chaque semaine, des évaluations de la situation des marchés internationaux et celle de l'économie nationale”, a-t-il ajouté. Interrogé encore sur l'impact de cette crise sur l'économie nationale, M. Djoudi a expliqué que le monde connaît une récession de l'activité économique et une baisse de la demande globale qui se traduisent par une baisse de la demande du pétrole et donc d'une baisse des cours de pétrole “qui influe à la fois sur les recettes extérieures et fiscales”. À quelque chose malheur est bon, le ministre a observé le fait que l'Algérie enregistre de faibles exportations hors hydrocarbures et un nombre moyen d'investissements étrangers, son économie ressent donc un impact moins fort de la crise financière par rapport aux pays grands exportateurs et forts consommateurs d'investissements. Le grand argentier a, également, ajouté que la baisse des cours des produits de première nécessité sur le marché mondial (blé et poudre de lait notamment) et le raffermissement du dollar face à l'euro sont des facteurs favorables à l'augmentation du pouvoir d'achat de l'Algérie. S'agissant des conséquences de la baisse du prix du pétrole, qui sont même tombés, lundi passé sous la barre psychologique des 60 dollars, le ministre a souligné que le Fonds de régulation des recettes, dont les disponibilités correspondent à 40% du PIB, permet de couvrir les déficits au même rythme des dépenses pendant quatre années. Plusieurs experts nationaux ne partagent pas l'optimisme des autorités. Ils font remarqué, à juste titre, que les prix du pétrole ne sont plus au niveau des cours de l'été 2008. Les cours du pétrole ont chuté lundi passé sous la barre psychologique des 60 dollars à Londres pour la première fois depuis le 16 mars 2007. Le prix du panier-Opep, regroupant les 13 pétroles bruts de référence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a enregistré mardi une nouvelle baisse par rapport à lundi, a indiqué hier l'organisation pétrolière. Le panier Opep a reculé de 90 cents pour s'établir à 55,90 dollars le baril mardi contre 56,80 dollars le baril lundi qui est son premier jour de cotation de la semaine, précise la même source. Si à court terme, l'économie algérienne a les ressources financières nécessaires pour amortir le choc, à long terme, les programmes de développement projetés pourraient être remis en cause, au cas où la récession venait de perdurer. Des voix appellent même à la modération de la politique budgétaire. Mais au-delà c'est toute la vulnérabilité de l'économie algérienne qui est mise à nu par cette crise. L'économie algérienne ne va pas bien même si les finances algériennes sont florissantes. Au fil des ans, l'Algérie s'impose comme le principal importateur de denrées agroalimentaires du continent africain. Cette situation s'explique par un très faible taux de couverture de la consommation par la production nationale, soit pour les céréales et dérivés, pour les légumes secs, pour le lait… Nous importons ce que nous pourrions produire (produits alimentaires, produits pharmaceutiques, matériaux et services de construction, matériels et services de transport, assurances, ingénierie, etc.) et nous n'exportons pas assez en dehors des hydrocarbures. La couverture de nos importations croissantes par nos exportations hors hydrocarbures est faible et préoccupante. Meziane Rabhi