Le projet de réglementation européenne sur les fonds spéculatifs ne va pas assez loin pour garantir qu'ils ne représentent pas de risque systémique, a estimé lundi Christine Lagarde. Le texte, qui est censé devenir une directive, doit être rendu public mercredi. "Je ne pense pas qu'il réponde aux critères de transparence, de contrôle et de supervision appropriée des fonds spéculatifs qui acquièrent une importance systémique", a déclaré la ministre française de l'Economie lors d'une conférence sur les marchés financiers. Selon un projet de texte qu'a pu consulter Reuters au cours du mois, l'Union européenne propose de rendre obligatoire l'enregistrement des dirigeants de fonds spéculatifs et de capital-investissement, d'imposer un niveau minimum de capitaux et d'obliger ces fonds à divulguer certaines informations aux autorités de régulation. La France et l'Allemagne ont plaidé pour un durcissement de la réglementation, notamment des fonds spéculatifs, dans le cadre des travaux du G20 début avril à Londres mais leur initiative rencontre des résistances de la part de certains pays. "Concernant les hedge funds, certains experts disent, notamment dans ce pays (les Etats-Unis), pourquoi se préoccuper des hedge funds, ils n'ont pas créé cette crise, ce qui est vrai", a expliqué Lagarde. "Mais en même temps, les fonds spéculatifs représentent au total 1.200 milliards de dollars d'actifs sous gestion actuellement et ils utilisent clairement les canaux bancaires pour leurs opérations", a-t-elle ajouté. "Aujourd'hui, les gouvernements sont appelés à la rescousse des banques. Nous devons nous assurer que ces banques ne seront pas pénalisées par des entités qui ne sont pas les acteurs les plus importants et sur lesquels nous n'avons aucune information". Plus largement, Christine Lagarde a souligné que le système financier mondial avait besoin d'une régulation plus exhaustive. Sinon, a-t-elle dit, les efforts faits au niveau régional ne suffiront pas et risquent de conduire à un système fragmenté. La ministre a également souhaité que l'International Accounting Standards Board (IASB), qui établit les normes de comptabilité pour l'Union européenne, travaille en coopération plus étroite avec son homologue américain, le Financial Accounting Standards Board (FASB). "L'International Accounting Standards Board a beaucoup de travail à faire à court et à long termes pour que nous nous entendions" sur les normes comptables et qu'il soit possible de comparer des données comparables, a dit Lagarde. L'Union européenne voudrait que l'IASB réagisse rapidement à l'assouplissement que le FASB a mis en place pour la "fair value", la comptabilisation des actifs à leur valeur de marché (mark to market) soupçonnée d'avoir contribué à la crise financière.